L’agonie d’un guerrier ……(vous êtes invités à participer ^^)

« les temps changent n’est ce pas ! elle est la l’évolution de nos mœurs que vous souhaitiez tous ! Cënëdril appartient au passé et à notre gloire perdue ! »

Cette phrase d’Idhren résonne encore à mes oreilles. Le convaincre d’aider Cen, de le sauver s’avère plus difficile encore que je ne l’avais pensé.

Cënëdril a rompu le lien avec le clan, par amour, et il en meurt lentement.
L’esprit du titre Aoree qui le rattache au clan, se meurt de cette rupture du lien et l’entraîne avec lui.

« Vous lui avez laissé croire qu’il pouvait être « normal » hors il ne le peut pas ! assumez votre erreur » ….

Non ce n’est pas ma faute, je n’ai pas commis d’erreur, ce n’est pas moi qui ait donné mon accord à Cen …mais soit comme je l’ai dit à Idhren, si je dois payer je le ferai. J’ai déjà tout donné, tout sacrifié ou presque pour le clan, je ne suis pas à çà prèt.

« Jusqu’où êtes vous prêt à aller Naneth ? »

Cette question est tombée comme une hache, lourde et tranchante.
J’ai entendu les protestations de Leythalas et de Fochtown, j’ai entendu aussi les paroles de Mahelys qui essayait de me soutenir.
Leythalas trouve que Eldwinn devrait m’écouter et me respecter comme les autres mâles, Fochtown pense que Cënëdril fait de l’ombre à Idhren.

Eldwinn n’est pas un mâle ordinaire, c’est le plus vieux , le plus sage, il a des connaissances et des pouvoirs que je ne maîtrise pas … un savoir ancien qui lui a permis de faire le rite jadis.

« - Que voulez-vous en échange Idhren ?

- Mais rien du tout Naneth, mais je crains que la solution ne vous déplaise, c’est pourtant la seule … »

La seule ! jamais je n’oublierai l’intonation de sa voix à ce moment précis. Je sais qu’il ne ment pas, mais il est évident que cela l’amuse.

« C’est moi qui ai fait Cënëdril, qui ai brisé son esprit pour qu’il accepte celui de l’animal qui est en lui ! L’Aoree est lié au clan et ne peut vivre sans le lien.
Depuis qu’il est en contact avec ce monde dégénéré, Cënëdril a pris l’ascendance sur la bête …jusqu’à avoir des émotions qui n’ont fait que l’affaiblir ! elles vont le tuer. »

D’après Idhren, il n’y a qu’une solution, renforcer l’Aoree et « détruire » l’elfe pour que tout redevienne comme avant !

C’est presque avec satisfaction qu’Eldwinn a répondu négativement à Fochtown quand celui-ci lui a demandé si on ne pouvait pas enlever l’aoree.

« J’ai bien travaillé n’est-ce pas ! il sert le clan ou il meurt ! »

Après nombres de remarques désagréables pour nous, Eldwinn a consenti à nous dire ce dont il a besoin pour fabriquer l’elixir nécessaire au rite. Il a dit aussi que nous aurions besoin d’un démoniste qui accepte de « détruire » Cen ….

Il lui faut :

Citation :

Le sang d’un tigron de moins d’un jour
Une goute de l’eau du puit d’éternité
De la poudre d’os du tigre que Cënëdril a tuer jadis
10 essences d’agonie
10 essence de vie
et des plantes qu’il possède déjà !

J’espère trouver des volontaires pour réunir ces ingrédients car seule j’ai peur de trop tarder ! de plus, je ne me sens pas la force d’ôter une vie, même s’il ne s’agit que d’un bébé tigre ….

J’ai besoin d’aide …nous avons besoin d’aide pour le sauver.

Shorelaran va chercher une autre solution de son côté , le désespoir de Khâline et notre peine à tous semble palpable maintenant !

J’ignore si Cen se rappellera de quelques choses après …. Il serait peut être préférable pour lui que non !

Kharess entre sans frapper dans la maison de sa sœur et la trouve assise en train de somnoler au chevet de Cën toujours inconscient. Elle embrasse Khâline sur le front, notant au passage ses traits fatigués et sa silhouette amaigrie.

- Tiens, un messager apportait ça au moment où j'arrivais.

Sans répondre, Khâline prend la liste que Merende lui a fait porter et pâlit en détaillant les composants dont le vieil elfe va avoir besoin.

Citation :

- Le sang d’un tigron de moins d’un jour
- Une goutte de l’eau du puit d’éternité
- De la poudre d’os du tigre que Cënëdril a tué jadis
- 10 essences d’agonie
- 10 essence de vie

- Regarde !
- Hmmm ?

Kharess parcourt rapidement le parchemin que Khâline lui a tendu et siffle entre ses dents.

- Ben il se mouche pas du pied le vieux dis donc ! Le puits t'éternité rien que ça ! Et un tigron ! C'est pas la saison des naissances en plus, il est encore trop tôt dans l'année !
- Khar, on s'en fiche, si ça peut sauver Cën, j'irais chercher cette fichue fiole moi-même !


Elle prend un rouleau de parchemin, taille une plume et couche rapidement quelques mots avant que le courage ne la quitte.

Merende,
Je me charge de la goutte d'eau... J'irais à Hyjal...
Khâline

Au moment où elle allait sceller le parchemin, Kharess a repris la parole.

- Dis leur que je chercherais le tigron... Même si on a peu de chance d'en trouver un ... et j'irais avec toi à Hyjal, je connais un peu le coin.

Khâline griffonne rapidement un appendice à son billet : "Kharess se charge de chercher un tigron mais a peur que la saison soit trop jeune pour que les naissances aient commencées."

Elle sable l'encre, roule le parchemin et le scelle d'une goutte de cire.

- Tu peux porter ça au Camp s'il te plaît ? Je... Je vais préparer à manger pour Cën et je n'aime pas qu'il se réveille quand je ne suis pas à côté de lui.
- Pas d'problème ma belle, bichonne le, je file !

Kharess sort de la maison de sa démarche altière habituelle et siffle son tigre. Elle salue une dernière fois sa sœur et pique des deux en direction du port.

Mahelys était assise au bord du lac, contemplant les reflets changeants de la surface de l'eau. Elle y vit son image, comme si c'était un... miroir

La druidesse détourna vivement les yeux, extrêmement peinée et honteuse de ce qu'elle allait contribuer à faire à son frère.

"Cënëdril n'appartient pas au passé... il est notre présent"

Elle avait la liste en tête... Les essences de vie étaient déjà rassemblées, Daltheema, Myrah et Shandara en avaient même ramené plus que nécessaire.

Fochtown était parti chercher les essences d'agonie auprès de commerçants douteux... Elle avait préféré fermer les yeux sur la destination du Rhîwin ; après tout, il savait ce qu'il faisait, ce monde de ténèbres était le sien.

Elle regarda l'eau du lac au loin, évitant son reflet. Khâline avait choisi l'un des ingrédients les plus difficiles à obtenir, la goutte d'eau du Puits d'Eternité... comment s'y prendrait-elle ? Et dans son état....

Lors de leur dernier échange, elle avait appris que Kharess se chargerait du sang de tigron. Une lueur de refus brilla dans les yeux de Mahelys en imaginant un tel acte !...

Un oiseau passa à toute vitesse au-dessus de l'eau du lac, et s'évanouit parmi les cimes des arbres.

"Le temps presse", songea-t-elle...

Elle irait voir Merende au plus vite pour s'occuper du dernier ingrédient avec elle, le broyage des os du tigre ayant servi au rite de l'Aoree de son frère ....

Tout les sens aux aguets elle se glisse sous un bosquet de baies odorantes. Elle en cueille une au passage qu'elle fourre dans sa bouche, et s'arrête un instant pour lire la trace qu'elle suit depuis plus d'une heure déjà. Une base large et arrondie et quatre autres plus petites, pas de doute, un tigre est bien passé par ici. Elle continue à avancer doucement et repère des poils roux sur le tronc d'un arbre, à l'orée d'un léger dégagement du sous-bois.

"Hmmm il aime se frotter ici on dirait..." A l'aide d'un morceau de tissu, elle recueille une grosse touffe de poils qu'elle glisse dans le fond de sa poche et penchée en avant reprend sa traque. Lentement, elle fait le tour de la clairière, sans jamais entrer dans la lumière déclinante de cette fin d'après midi. Les traces se font plus nombreuses et convergent presque toutes vers une anfractuosité dissimulée derrière un autre taillis, où des baies juteuses à souhait semblent la narguer.

"Bon... Plus qu'à attendre..." Elle lève les yeux et prestement grimpe dans l'arbre qui surplombe la petite clairière. Elle bénit son entraînement quand, en quelques secondes, elle se retrouve assise à califourchon sur une grosse branche, plusieurs mètres au dessus du sol. S'allongeant de tout son long, elle se glisse à la force des bras, attentive à ne pas basculer, le corps en parfait équilibre sur la ramification qui va en s'amenuisant.

Quand elle sent le bois plier son sous poids, elle se fige, recule doucement de quelques centimètres, la branche remonte légèrement, elle a trouvé le point à ne pas dépasser et le poste d'observation parfait. Elle jette un coup d'œil derrière elle pour vérifier qu'elle n'a laissé aucune éraflure sur le bois qui pourraient trahir sa présence. Les feuilles la dissimulent parfaitement, et elle sait qu'à cette hauteur, aucun animal au sol ne pourra déceler son odeur.

Tout ce qu'elle espère, c'est que personne ne décide de venir faire la cueillette des baies dans le coin, elle sait que le tigre ne s'approcherait pas à coup sûr et que sa traque n'aurait servie à rien. Elle ne connaît même pas le sexe de l'animal qu'elle piste depuis le début de l'après midi, mais la taille des empreintes laissent penser à une femelle.

"Plus qu'à espérer qu'elle soit pleine et sur le point de mettre bas" se dit-elle. Sinon ch'suis bonne pour chercher ailleurs.

Elle sait qu'elle a peu de chance, même ici, de tomber sur une tigresse sur le point d'accoucher. Kat lui a appris il y a longtemps, que ces animaux, au moment des naissances, avaient tendance à rester caché et que les tigresses défendaient leurs petits si on les attaquait.

Sur sa branche, elle a le temps de réfléchir à la technique qu'elle va employer pour soustraire le tigron à sa mère. Le vieux a dit qu'il fallait le plus fort de la portée pour l'élixir, et elle sait que les mères protègent d'abord celui qui a le plus de chance de survivre.

"D'abord effrayer la mère après la mise à bas... ça devrait pas être trop difficile... Ensuite la suivre jusqu'à sa nouvelle cachette... Attendre qu'elle reparte... Dérober le petit... Et repartir... Ca a l'air simple !"

Satisfaite, elle bouge un peu, portant son poids sur une autre partie de son corps pour détendre ses membres ankylosés. Alors que son regard erre paresseusement sur la végétation qui l'entoure, un craquement sous elle l'alerte. Elle baisse les yeux et voit un magnifique animal aux flancs alourdis émerger de la pénombre. Elle retient son souffle en voyant la tigresse humer l'air ambiant, serrant inconsciemment les poings. Elle en tient une ! La bête, satisfaite de son exploration olfactive s'avance alors d'un pas pesant vers la grotte, tandis que l'elfe relâche lentement son souffle et décrispe ses poings. Elle sent son cœur battre un peu plus vite.

"Bon... C'est une femelle et elle est pleine. Sur le point d'accoucher je dirais, mais quand ?" Elle regrette que Kathryl ne soit pas à ses côtés pour lui dire, mais elle sait qu'il ne la laisserait jamais accomplir sa mission si il était là. Déjà qu'il avait l'air furax en apprenant qu'il fallait un tigron...

La tigresse s'étire de tout son long, baillant à s'en décrocher la mâchoire et se couche lourdement à l'entrée de sa tanière, somnolente. Kharess, perchée sur son arbre, commençait à se demander comment s'esquiver sans alerter la bête quand un autre tigre, majestueux, le regard affûté et le pelage brillant est sorti de la forêt pour rejoindre sa compagne.

"Et merde" Elle a juré entre ses dents, ses chances de pouvoir partir discrètement venant juste de se réduire quasiment à néant avec le nouvel arrivant. Le tigre traîne sous lui, entre ses pattes, une carcasse dégoulinante de sang, et semble ne pas faire fi de la traînée qu'il laisse derrière lui. Il dépose la carcasse à côté de sa compagne qui semble ignorer l'offrande et se couche à côté de celle-ci.

Kharess se tourne lentement sur le dos, en équilibre instable, et soupire en regardant le soleil qui décline lentement dans le ciel. "Pfff j'en ai encore pour au moins 3 plombes ici... J'vais m'faire chier... Pis faut que je vois Patience... Et ma frangine, qu'elle se magne le derch pour sa flotte !" Elle espère que sa position précaire sur le dos l'empêchera de s'endormir et de tomber par terre d'ici la nuit.
"Ca serait con que j'me casse la gueule maintenant quand même !"

La nuit était tombée depuis longtemps, et Myrah commençait à somnoler, mais la fatigue n'était pas encore assez forte pour l'autoriser à s'endormir tout de suite. Elle rangea le cristal avec lequel elle jouait depuis déjà de longues minutes, habitude dont elle se défaisait de moins en moins.

Elle se leva et épousseta le bas de sa robe avant d'aller se chercher un peu d'eau, pour calmer la sècheresse de sa gorge. Tout était calme et silencieux. Après un dernier regard sur le campement, elle se prépara à rejoindre Darnassus, comme elle faisait chaque nuit.

Elle prit le chemin du retour, songeuse, quand brusquement l'Idhren apparut devant elle, ensanglanté, les vêtements ayant connu de meilleurs moments, et un air furieux à faire fuir un dragon. Soudain il ordonna de tuer Kathryl, Kharess et Khâline si ceux-ci s'approchaient du campement.

Elle crut avoir mal compris ou entendu et de surprise s'exclama "hein ?!"

La réponse ne se fit pas attendre "tu sors tes griffes et tu tues !".

Tuer ?! Mes amis ? son sang sembla se glacer. Elle ne pouvait pas les considérer autrement, avec la gentillesse et la patience dont ils avaient fait preuve jusque là avec elle.

Les tuer, eux ?! Surement pas ! s'entendit-elle répliquer.

Il ne répondit pas et alla prévenir les sentinelles, avant de retourner dans sa caverne, tandis qu'elle restait ébahie.
Enfin elle s'éveilla de sa torpeur et couru jusqu'à Darnassus et chercha les trois nommés, espérant tomber sur eux comme cela arrivait parfois. Ne trouvant rien elle parti pour Hurlevent.

Elle fit tout le tour de la ville sans succès et finit par tomber sur la grande prêtresse d'Elune Ayachin, vu une fois en compagnie de Khâline. Elle était en pleine discussion avec une humaine, mais n'hésita pas à la déranger, lui demandant si elle savait ou la trouver.

Et là s'en suivit une discussion de plus d'une dizaine de minute, qui sembla presque irréel à la jeune elfe.

Elle eut déjà du mal à lui faire comprendre qu'elle ne comprenait que peu de mots encore en commun, surtout des expressions toutes faites qu'elle avait appris par cœur. Mais la prêtresse semblait déterminée à parler en commun pour permettre à l'humaine près d'elle de suivre. Elle finit par accepter de passer au Darnassien, devant l'incompréhension grandissante de Myrah au fur et à mesure que les phrases se compliquaient.

La prêtresse ne comprenait-elle pas que c'était important ? Elle continuait à lui répondre sur le ton d'une invitation à prendre le thé, opposant à l'inquiétude de Myrah, qu'aucun n'aurait interêt à faire du mal à son amie, s'il ne voulait provoquer la colère de la prêtresse. Myrah n'osait pas trop bousculer une grande prêtresse, mais elle la pressa avec tout le tact possible qui dérapa bien un peu pour finir par avoir sa réponse : non elle ne l'avait pas vu mais elle la previendrait si elle l'apercevait.

La jeune elfe prit congé aussi rapidement que possible pour retourner une dernière fois à Darnassus et ne trouvant rien, finit par tenter la dernière solution qu'elle voyait.
Elle se dirigea au temple d'Elune, et pria pour qu'Elle accepte de les aider.
La fatigue eu raison d'elle, et elle s'endormit aux pieds de la statue de la déesse.

L’assassin sort des tunnels obscurs de Hurlevent, le visage défait de celui qui ne trouve pas ce qu’il cherche. Ces fournisseurs « officiels » sont incapables de lui fournir les essences d’agonie recherchées…
Oh bien sur, on a essayé de lui refourguer la marchandise habituelle, les essences filtrées avec le tact d’un tauren atteint de tremblements compulsifs, tout juste bonnes a fabriquer des poisons misérables… Mais dés qu’on insistait un peu sur le fait qu’on recherche de véritables essences d’agonie, les visages deviennent excédés, évasifs quelquefois, souvent désolés. Les marchands prétextaient toute sorte d’excuses rocambolesques, accusant des fournisseurs incompétents ou jurant sur les problèmes de livraisons… Puis finalement, au fil de la conversation, devant le regard imperturbable de l’assassin qui n’aime pas les fables, toujours la même rengaine avouée a demi mots. Les essences d’agonie pures étaient souvent divisées en plusieurs étapes, histoire d’augmenter les profits devant les demandes croissantes de ceux qui hantent la nuit. Les excuses pitoyables qui ne manquaient pas de suivre, les produits de substitution qu’ils proposaient à tarifs préférentiels, le trouble qui grandissait dans leur yeux alors que l’assassin, d’habitude si loquace, ne pipait mots. Venait ensuite les promesses d’en obtenir sous quinzaine, soulignant le danger et l’organisation d’une telle expédition, affichant des prix prohibitifs, le regard étincelant du marchand véreux qui entrevoit une bonne affaire. Les menaces pour obtenir les renseignements sur leur source d’approvisionnement étaient inutiles. On évolue pas dans ce métier sans avoir le sang froid d’un serpent, une dague en travers de la gorge ne vous faisant que mettre au banc de l’économie qui regne dans les ombres.

Il n’avait pas le luxe du temps. L’Idhren se ferait une joie de souligner son incompétence s’il rapportait les marchandises pathétiques qu’on lui proposait. Il ne pouvait se permettre d’échouer même si répondre au chantage écœurant du vieux bouc lui révulsait les entrailles. Il avait vu Naneth plier sous le joug du Patriarche, résolue a revoir le fier guerrier à ses côtés, persuadée que sa présence pansera ses blessures et celles du clan. Il avait vu le désarroi de l’Heryn, l’impuissance de Khaline, la colère de Leythalas, les doutes du clan… Le ricanement sinistre d’Eldinn résonnait encore a ses oreilles, le rire imbu de celui qui a gagné…

Il avait cru entrevoir une issue à sa quête lors d’une entrevue avec deux nouveaux venus dans le métier. Ils avaient habillement tenté de lui refiler des essences d’agonie trafiquées, parsemées d’épices, rendant son parfum plus puissant et sa robe plus lourde. Sans la maîtrise de son art abject et ses talents olfactifs de maître queux, il se serait fait berner en beauté. Ils avaient beaucoup parlé, oui, énormément… Le désavantage d’être nouveaux leur enlevait l’aura d’impunité des autres. Ce sont les risques du métier, tout le monde connaissait les règles, la clairvoyance ayant détalée devant la cupidité, l’issue ne pouvait être conciliée. Les deux corps flottait dorénavant dans l’estuaire, la gorge transpercée, le corps strié de meurtrissures boursouflées, les yeux ouverts de terreur pour l’éternité…

Il avait passé le reste de la journée à la source de leur trafic, le campement Solfurie d’Ombrelune, délestant les elfes de sang de leurs biens, jusqu'à trouver les précieux coffrets. Ses doigts agiles les ouvraient fébrilement, espérant trouver les précieux liquides convoités… De nombreuses vies s’étaient envolées ce jour la pour réunir enfin les 10 odieux composants. Le corps éclaboussé de sang, le visage habité par le rictus mauvais du tueur ayant œuvré pour les siens, l’esprit encore ivre de l’agonie de ses victimes, l’arpenteur des ombres entreprenait de remettre au plus vite son butin a l’Heryn.

Dans les ombres, les tentacules de la nuit dansaient devant cet afflux inattendu de colère, de peur, de souffrances. Assise dans un trône d’âmes hurlantes et gesticulantes, Shava contemplait en ronronnant son favori, les yeux mi clos, repu du festin qu’il lui avait offert…

Shandara était profondément endormie sous sa hutte. Couchée sur le coté sous une fine couverture de soie, les jambes repliées, une main sur son ventre comme pour ressentir cette vie qui couvait en elle et qui ne se manifestait, pour l’instant, que par de petits désagréments. Bercée par la douceur de l’air printanier, chargé des senteurs de la forêt, elle se retournât en repoussant sa couverture. L’air encore frais caressait sa peau alors qu’une légère douleur, provoquée par son changement de position, l’éveillait.
Encore endormie et légèrement nauséeuse, elle se redressait et jetât instinctivement un regard à son ventre en soulevant la couverture pour s’assurer que la douleur n’en provenait pas. A ce geste elle réprimât un cri ! …son avant bras bleuit par la fracture encore toute récente la tira de son sommeil une bonne fois pour toute. Elle passât sa main dessus en grimaçant et se promit intérieurement qu’un jour ils le paieraient au prix fort.

Comme tous les matins depuis presque deux semaines, c’est à cet instant, au réveil, qu’une envie pressante s’emparât d’elle. Elle s’enroulât dans sa couverture et sortît précipitamment de sa couche douillette pour chercher un buisson. A petits pas rapide elle se faufilait dans les sous bois environnants et s’accroupit sous un arbre a l’abris d’une paire de racines gigantesque qui la dissimulait des regards. Tout en se relâchant avec satisfaction dans un soupire, la soirée de la veille lui revint en mémoire.

« Elle avait rejoint le groupe sous la direction du Idhren pour affronter un défi à l’arène. Quelle n’avait été sa surprise de voire que le groupe comprenait des étrangers au clan. De plus il s’agissait de la sœur de Khâline et du chasseur. Sous les ordres de Idhren et ne voulant pas céder à la rage aux mépris des lois, elle avait acceptée et supportée les moqueries des deux elfes. Leurs autosuffisances la répugnait, mais que pouvait-elle faire, elle une simple Laerin. Si Idhren tolérait leurs comportements, leurs attitudes condescendantes vis-à-vis du clan, elle n’avait qu’à l’accepter. Durant les combats qui suivirent, la voleuse tenta même de lui dérober ses valeurs. Là non plus, elle ne fit que de se protéger, sans dire un seul mot.
Elle fût soulagée quand tard dans la nuit, Idhren, excédé par la sournoiserie de la voleuse, il la prit à partit au sujet d’un autre elfe. Elle sentît que l’heure de sa revanche avait sonnée, alors qu’Idhren se faisait plus menaçant à l’encontre de la voleuse. Appréciant subitement la brutalité caractéristique du vénérable, elle fît front avec lui pour mettre à genoux cette impertinente. Le combat qui s’en suivit fût intense et elle en ressortît avec une estafilade au bras. Enfin matée, la voleuse n’avait plus que le choix de tout avouer, quand est apparu ce maudit chasseur. Elle n’eut même pas le temps d’engager le combat que le chasseur lui brisait le bras. Elle au sol, Idren fût maltraité à son tour . »

Shandara se relevait, soulagée, les nausées prenant fin. Elle regardât autour d’elle et sourit. Rajustant sa couverture elle reprit le chemin du camp d’un pas léger, flânant parmi les arbres, caressant leurs feuillages et les jeunes pousses en repensant aux attentions d’Idhren. Il n’est pas si abjecte que certains le pensent, elle lui devait la vie en quelque sorte, car la voleuse lui aurait peut être tranchée la gorge s’il n’y avait eu de témoins. Elle savait avoir gagnée le respect du vénérable et cela la remplissait de joie.

A l’approche de sa hutte elle saluât un des gardes du camp qui revenait au feu pour passe le mot à la relève. Shandara s’enquérît des nouvelle et ne pût que sourire quand le garde lui déclarât que la tête de trois elfes étaient mises à prix. Shandara répondît au garde :

- Menacer ainsi le vénérable, lui qui détient le salut de Cënëdril entre ses mains, est un affront de plus que le clan ne peut tolérer. Je vais m’équiper et me mettre en chasse dès aujourd’hui. Le Rhiwin doit être soustrait des griffes de ces intrus par tous les moyens.

"P'tain c'est pas vrai ! Le vieux salopard !"

Kharess froisse d'un air rageur le billet qu'elle vient tout juste de recevoir de Myrah qui lui annonce qu'elle doit faire attention de ne plus approcher le Camp, sous peine de se prendre une volée de flèches. Eldwinn a ordonné à tous les membres du Clan de tirer à vue et de les tuer.

La voleuse a mal dormi, après l'excitation de la chasse la veille, la longue attente, les milles précautions qu'elle a prise pour descendre de l'arbre à la nuit tombée, l'interrogatoire d'Eldwinn. Le coup de grâce lui a été infligé par Yij qui l'a abandonné pour aller se planquer elle ne sait pas où. Et ça maintenant ! De méchante humeur, elle flanque un violent coup de pied dans la boîte, provoquant le sursaut d'un vieux mage qui lisait d'une main tremblante son courrier juste à côté. La boîte oscille sous le coup et reste de guingois, avec comme un air de reproche sur sa façade cabossée.

Sans s'excuser le moins du monde, Kharess siffle son tigre et file tout droit à Darnassus pour voir sa sœur. Quand elle arrive, Khâline est déjà debout en train de faire ses ablutions matinales et elle la regarde arriver, un air très fatigué sur le visage. Kharess semble à la fois furieuse et désorientée, ce qui est plutôt rare.

- Salut !
- Y'a un problème Kharess ?
- Oui y'en a un. On est personna non grata au Camp !
- Mais qu'est ce que tu me racontes ?
- La vérité, si toi, moi ou Kathryl on approche, on se fera descendre par les gardes.
- Par Elune mais c'est impossible ! Comment on va faire pour aider Cën ?

Khâline a pâlit en disant cela est s'est assise lourdement, l'air complètement affolée.

- Qu'est ce qui s'est passé ?
- J'me suis pris l'bec avec le vieux et il a pas aimé.
- Comment ça ?

Kharess s'adosse au mur et raconte ce qui s'est passé la veille. Sa voix se fait lointaine, comme détachée de son récit, et les faits qu'elle raconte résonnent de manière douloureuse aux oreilles de Khâline.

- J'étais à Nagrand, j'avais des missions à accomplir, et je me suis retrouvé avec les Daendil. On avait les mêmes trucs à faire, tu vois, alors on s'est dit qu'en unissant nos forces, ça irait plus vite. On a tout d'abord combattu dans une arènes, et ensuite ils avaient d'autres missions que j'avais déjà faites, mais je leur ai donné un coup de main, histoire de. (La voleuse secoue la tête) A un moment, j'ai attaqué une énorme bestiole, tu sais les trucs vraiment gros qui poussent des cris horribles ? Je savais que je pouvais me la faire toute seule, mais ce crétin d'Eldwinn est venu à la rescousse avec la mioche là... Shandara qu'elle s'appelle je crois.

Kharess se met soudain à rire, mais d'un rire sans joie.

- J't'ai pas dit j'ai même fais semblant d'lui faire ses poches ! T'aurais vu sa tête quand elle a senti mes doigts sur son froc, c'était trop drôle ! Elle y a vraiment cru c'te gourde en plus ! Comme si j'allais m'emmerder à faire ça ! En tout cas, j'ai bien rigolé sur le coup !

Khâline a frémit d'indignation au nom de Shandara mais ne dit rien. Si elle interrompt sa sœur maintenant, celle-ci est capable de ne jamais finir son récit, ou pire de partir sur un autre sujet. "C'est tellement rare qu'elle me parle comme ça..." songe-t-elle. Pour une fois elle ne pose pas de questions et répond aux miennes sans broncher... Y'a un problème ! Elle observe alors Kharess plus attentivement et remarque qu'elle a le visage hagard, que ses cheveux sont noués à la va vite et qu'elle porte souvent sa main à son cou. En se penchant un peu, Khâline peut voir un médaillon inconnu qui repose sur la peau de sa sœur, à la base de son cou. "Mais qu'est ce que c'est que ce truc ?" se demande-t-elle.

- Du coup, j'ai dit au vieux que j'étais capable de me faire la bestiole toute seule et il s'est foutu de ma poire en disant que je serais plutôt morte si il était pas venu. Tu me connais, j'allais pas laisser passer l'occasion d'emmerder mon monde, et je lui ai fais remarquer que j'avais quelques astuces dans ma manche pour éviter de me faire trucider et sa seule réponse a été "Amusante". C'est la première fois qu'on me trouvait "amusante" surtout dans ce genre de situation et sans faire gaffe j'ai dit "Ah tiens quand je vais raconter ça a Yi..." J'me suis arrêté, mais il a l'ouïe fine le vieux bouc et il a voulu savoir la suite du prénom. J'ai pas voulu lui dire tu penses bien et ça lui a pas plus.
- Attends tu allais raconter ça à qui ?
- Ben à Yijael ! A qui tu veux que je raconte ce genre de conneries toi ? Tu me laisses finir s'il te plaît ?
- Oui oui vas y ! Khâline demeure perplexe devant la réponse de sa sœur, et écoute la suite du récit avec une attention soutenue.
- Il m'a posé plusieurs fois la question et d'un coup il a pris sa forme d'ours ! Je déteste quand ils font ça sans prévenir, surtout qu'il s'est mis à me renifler partout ! Et quand il a repris sa forme d'elfe, il savait que je parlais de Yij, et il a voulu savoir où il était. Et ça a dégénéré... Le ton de la voix se fait distrait et Kharess se plonge dans une semi rêverie qu'elle décrit à sa sœur.


- Plus il me posait de questions, moins j'avais envie de lui répondre. Il savait déjà que je couchais avec Yij, à quoi ça pouvait bien lui servir de savoir où il était hein ? Je lui ai dit qu'on passait toutes nos nuits ensemble et que la journée il était pas bien loin. En fait, j'espérais qu'il soit dans le coin pour me sortir de ce merdier... Et tout à coup, ils se sont tout les deux jetés sur moi pour me forcer à parler. J'me suis pas laissé faire, mais j'ai pas pu sortir mes dagues, du coup je leur ai flanqué des coups de poings, des coups de pieds, je les ai mordus, mais c'est le vieux qui m'a eu. J'avais à moitié assommé la gamine et il en a profité pour me plaquer au sol. J'étais un peu sonné et j'ai pas réagis assez vite, il m'a redressé à moitié en me tirant par les cheveux et il a approché sa main de mon visage. Je sais pas comment il a fait, mais il a transformé sa main en patte de panthère, et juste ça tu vois ? Sous mon nez !
- Et ensuite ? Khâline voit bien que sa sœur ne porte aucune trace de griffure, et se demande comment sa sœur a pu s'échapper.
- Kat est tombé du ciel ! Il est arrivé de je ne sais pas où et il était furibard ! Il a flanqué une rouste à la mioche, j'crois qu'il a fini l'boulot que j'avais commencé, j'ai entendu un craquement et son bras a fait un angle bizarre. Et ensuite il a foncé sur le vieux et a fait pareil. Je l'avais jamais vu comme ça ! Ils se sont battus comme des furieux ! Quand il a eu terminé, Eldwinn a dit qu'il se vengerait, son regard à ce moment là m'a flanqué une de ces frousses ! Et pis Kat m'a collé sur mon griffon et j'ai décollé sans savoir où j'allais...
- Mais tu ne lui as pas dit où était Yij ?
- J'allais pas lui dire sans qu'il me dise lui ce qu'il lui voulait ! La voix de Kharess frémis d'indignation.
- Et du coup, il se venge comme ça ?
- Ouai... on dirais... on est pas dans la merde hein ma belle ?

Kharess passe doucement sa main sur la joue de Khâline, qui ne peut s'empêcher de fermer les yeux en pensant au désastre qui se prépare.

Elle a laissé sa sœur en lui promettant de trouver une solution. Oui mais laquelle ? Personne ne peut l'aider à résoudre l'embrouille que Kat a contribué à créer, lui et son fichu caractère chevaleresque. Elle décide suivre quand même le plan d'action qu'elle avait mis au point la veille, quand elle était encore perchée sur son arbre. Pour la tigresse, elle savait qu'elle pourrait l'affronter si elle était seule au moment de la mise à bas, mais si le mâle s'en mêlait elle craignait de ne pouvoir récupérer un petit de la portée et alors tout serait fichu !

Elle a donc pris le bateau, direction les Tarides, là où elle sait que l'on peut trouver des félins et a passé la fin de la journée à chevaucher sur la monture qu'un de ses amis lui a prêté. Elle pense qu'Eldwinn a lancé quelqu'un à ses trousses, pour qu'elle le mène à Yijael et a pris toutes les précautions que les années passées dans l'ombre ont pu lui enseigner, afin de brouiller au mieux sa piste.

Khâline a tout d'abord soigneusement nettoyé sa tenue de cuir, décapant la partie extérieure afin de pouvoir remplacer la graisse d'ours qui l'imperméabilise par un mélange de graisse de sanglier et d'huile de poisson. Kharess a froncé le nez quand sa sœur lui a dit ce qu'elle allait faire, mais l'odeur du poisson est entièrement masqué par le sang-royal que Khâline a pris soin de réduire en poudre et d'intégrer dans le mélange huileux. Elle lui a expliqué que la graisse d'ours était moins utilisée que le mélange qu'elle venait d'appliquer, et que Kharess était donc facilement repérable rien qu'à l'odeur de sa tenue. Elle a ensuite poudré abondamment l'intérieur avec de la poudre de cristal afin d'absorber la transpiration sur les cuirs.

- Plus mon odeur sera masquée, moins je risque qu'il me retrouve lui-même !

Khâline a acquiescé et quand elle lui a rendu sa tenue remise à neuf, Kharess a eu l'impression que ce n'était plus la sienne. Envolée l'odeur du bois odorant où elle a passé sa journée la veille ! Envolées les effluves enivrantes de la feuillerêve qui imprégnaient sa tunique. Disparue la fragrance de sa propre peau ! Pour parfaire le camouflage olfactif, elle s'est rendue aux thermes pour prendre un bain, achetant au tenancier un savon et un shampoing qu'elle n'avait jamais utilisé. Plongée dans une eau parfumée, elle a soigneusement lavé ses cheveux plusieurs fois, et a ensuite tiré de son sac une pierre ponce dont elle s'est servi sur l'ensemble de son épiderme.

Plusieurs heures plus tard, sa peau la tiraille encore du traitement qu'elle lui a fait subir. La pierre ponce et la lotion corporelle ont agi sur son corps comme le traitement que Khâline a infligé à ses cuirs. Ses sens aiguisés ne lui permettent pas de l'affirmer, mais elle est sûre que l'odeur de Yij n'est plus sur elle. Elwinn devrait la revoir pour la reconnaître, elle est tranquille pour un moment.

La chasse aux tigres s'est révélée vaine. Pas de tigre dans la savane mais quelques troupes de lions paressaient au soleil, levant à peine la tête à son passage. Elle a aussi croisé des girafes plutôt placides, et quelques zèbres qui paissaient tranquillement, rien de bien folichon en somme. Elle a chevauché longtemps pour s'habituer à son nouveau compagnon de course, se retournant souvent pour vérifier qu'elle n'était pas suivi. Mais la seule poussière jaune soulevée dans les environs était la sienne. Elle a ralenti, fait des détours, des arrêts intempestifs dans des endroits improbables (la Croisée des Chemins sous l'oeil suspicieux des pouilleux du coin demeurent son meilleur coup d'ailleurs !) des retours en arrières, prenant le temps de cueillir quelques plantes dont elle n'avait nul besoin... Elle a vraiment eu l'impression d'être seule dans cette partie du royaume et elle est certaine que personne n'est à ses trousses. Du moins, jusque maintenant.

Elle passe à Ratchett, vide ses sacs chez un marchand et lui achète une tenue complète, le genre de truc qu'elle ne mettrait jamais en temps normal.

- J'vous prend ça, ça, ça et ça, et encore ça !

Elle empile dans les bras du marchand un pantalon, une tunique, une ceinture, une nouvelle paire de chaussure, des brassards, une cape dont elle n'aura pas l'usage et ajoute pour terminer une paire de gants qui cacheront ses doigts effilés.

- Vous... Vous ne voulez pas essayer avant d'acheter ?
- Pas la peine, c'est ma taille, j'vous dois combien ?

Le gobelin se précipite sur son boulier, trop heureux de l'aubaine ! Pensez donc ! Une cliente jolie comme un cœur et qui paye rubis sur l'ongle pour une tenue de paysanne, ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps ! Surtout au niveau de la beauté songe-t-il en la lorgnant par en dessous. Ses yeux s'écarquillent quand elle entreprend de se déshabiller, là, au milieu de sa boutique.

- Mais... mais mais que faites vous ?
- Ben ça s'voit pas ? J'me change !

Le ton est ironique et il est encore en train de chercher une réplique adéquate qu'elle passe déjà le seuil de la boutique comme si elle avait tous les démons d'Azeroth à ses trousses. La tenue de tissu mets en valeur ses formes et dévoile la majeure partie de sa peau nacrée, loin de l'austérité de sa tenue de voleuse habituelle.

Elle détache sa monture, l'enfourche et va passer la nuit dans une oasis, pensant à la phrase qu'il a prononcée :

- La prochaine fois ne le laisse pas te faire du mal... Parle !

Elle s'est endormie, serrant dans sa main le médaillon qu'il lui a confié.

(Edit : correction globale (désolée de la qualité de certaines phrases que j'ai posté ce matin, j'ai essayé d'améliorer l'ensemble ) et changement de pseudo pour coller au texte )

La nuit tombe enfin sur le camp, et la guerrière apprécie cette fraicheur nocturne.
Assise devant un maigre repas, elle essaie de comprendre la situation.

Quand elle s'est réveillée au matin, Eldwinn lui "est tombé dessus" en lui donnant une montagne de travaux à effectuer. Il a dit aussi que si Kathryl, Kharess ou sa soeur approchaient du camp il fallait les abattre.

Galadrinn est restée complètement abasourdie par cette annonce quelques minutes puis elle a essayé de poser des questions, de comprendre.
Idhren a dit alors que Kathryl l'avait aggressé. Galadrinn n'en croyait pas ses oreilles.

Depuis, la guerrière est consignée au camp et Idhren trouve toujours quelque chose à lui faire faire.
Tout d'abord, elle a eut cette montagne de bois à fendre pour le feu. Cela lui a pris la journée entière et ses mains écorchées, ses bras lourds et douloureux se souviendront de cette journée.

Elle doit aussi construire une hutte de pierre, cela va lui prendre un temps fou de trouver la roche nécessaire. Elle doit aller miner dans les environs la nuit, pour ne pas faire de bruit au camp. Idhren a dit qu'il contrôlerait la quantité de roche et de minerai récolté tous les matins.

Il ne lui laisse que très peu de repos, quelques dizaines de minutes pour les repas et il semble que la nuit sera très courte elle aussi vu tous les matériaux qu'elle doit trouver.

Pourquoi elle endure tout çà elle se le demande, enfin non , elle pense le savoir : Idhren se venge de Kathryl sur elle, cela semble évident.
Elle aimerait tant que quelqu'un lui dise ce qui c'est vraiment passé, savoir où est Kathryl aussi.

Elle se surprend à scruter le ciel parfois, espérant y voir Vella mais aussitôt elle chasse cette idée de son esprit car cela risquerait de mettre l'oiseau et son propriétaire en danger.

Elle va tenir le coup, Idhren finira bien par se calmer et tout rentrera dans l'ordre .... cela ne peut pas durer éternellement ainsi.

La nuit était déjà bien avancée quand Shandara arrivait en vue du au camp. Elle ralentît sa monture et mît pied à terre avant d’arriver à la hauteur des premières huttes. Elle regardât in instant le ciel étoilé puis prenant son sabre-tempète par la bride, le guidât silencieusement entre les huttes jusqu'à l’enclos. Avec une précaution infinie elle défît la selle et la rangeât au corral avant de rejoindre sa hutte en silence, marchant sur la pointe des pieds.

Sous sa hutte sans allumer de lanterne, dans l’obscurité, elle s’assît sur sa couche et défît sa robe lentement pour se dévêtir. Même si elle était dispensée de tour de garde à cause de sa blessure, elle n’aimait pas que l’on puisse lui faire de reproches. Son escapade à la capitale ne regardait personne et rester discrète était le meilleur moyen de ne pas alimenter de polémiques.

Shandara restât un long moment accroupie en tailleur sur sa couche. Elle passât à plusieurs reprises ses mains sur son ventre pour en calmer les aigreurs tout en repensant à ce qui s’était passé ce soir. Ce chasseur, qui si fort il y a quelques jours, lui avait brisé net l’avant bras n’était que l’ombre de lui-même aujourd’hui. Elle qui avait cru un instant, que le destin l’avait mené jusqu'à elle, afin qu’elle puisse avoir sa revanche ; elle se surprît alors, ne pas vouloir abattre un ennemi semblant si faible. Le destin se serait-il moqué d’elle encore une fois ?
Prise de pitié pour Kathryl, elle le soutint pour l’aider à marcher jusqu’au lac. Elle l’avait taquiné pour qu’il retrouve sa force, ne serait-ce que pour qu’elle puisse encore accorder une certaine fierté d’avoir été vaincue par une légende. Mais malgré ses piques et ses impertinences, il restât prostré, se lamentant sur lui-même. Alors qu’elle se jouait encore du chasseur, une hilneth vint apporter son aide Kathryl.
Elle se souvint de leurs mots échangés en sa présence. Une discussion à mots couverts. Elle réalisât peux après ce qu’elle venait de faire par faiblesse et compassion. Elle l’avait eu à sa botte durant de longues minutes, elle aurait pu débarrasser le clan d’un de ses ennemis et venger Idhren. Par fierté personnelle elle ne l’avait pas fait et cela l’avait troublée. Elle comprît aussi qu’un jour, quand il se sera rétabli et à nouveau une menace, elle devra le vaincre ou être vaincue. Tout le reste n’était que bons sentiments et enfantillages que l’on peut se permettre lors d’une trêve. Jugeant sa faiblesse inconciliable elle avait préféré le menacer, le mettre en garde une dernière fois avant de reprendre le chemin du camp. Comme pour se rassurer elle-même et oublier qu’un jour ses sentiments pourraient arrêter son bras alors qu’elle porterait le coup fatal à son adversaire.

Prise d’un frisson, elle se laissât rouler sur sa couche et d’un geste tirât la couverture à elle. Emmitouflée dans la douce chaleur des draps elle s’endormît en se promettant que dès demain elle reprendrait son entraînement à l’arc et qu’elle ne faillirait pas le jour ou le chasseur serait dans sa ligne de mire.

Citation :

Accompagné de l'Adagio for String and Organ d'Albinoni, interprêté par l'Orchestre philarmonique de Berlin dirigé par Herbert Von Karajan
http://www.deezer.com/track/13297

Elle ouvre la porte et reste un instant sur le seuil, clignant des yeux pour s'habituer à la pénombre qui règne dans la pièce. Elle le voit, son géant, décharné, alité depuis bientôt deux semaines, et son cœur manque le battement habituel, tressautant dans sa poitrine oppressée. L'amour et la peur se mêlent et coulent de concert dans ses veines, elle s'approche doucement et le voit qui tourne la tête vers elle, la cherchant du regard.

- Mon amour ?

Elle lui touche doucement l'épaule en s'agenouillant à côté du lit pour être à sa hauteur et pouvoir le regarder dans les yeux. Il murmure alors faiblement, entrecoupant chaque phrase d'une légère pause trahissant son épuisement :

- Bonjour ma douce... J'ai essayé de vous attendre... mais je me suis endormi... Votre journée s'est bien passée ?

Elle n'ose pas lui avouer ce qu'elle a fait de son après-midi. Etudier la carte d'Hyjal et se remémorer la longue chevauchée qu'elle a déjà effectuée une fois jusqu'au puits d'éternité. Elle sait qu'Eldwinn lui a interdit d'entrer au Camp, mais c'est à elle d'aller chercher la si précieuse goutte d'eau pour l'élixir. Quelques Daendil l'accompagneront sans doute... Les plus courageux, ou ceux plus enclins à défier Eldwinn en la suivant, elle, la cause de tous les maux de Cën, ou encore ceux qui ne peuvent se résoudre à le laisser mourir. Elle lui pose la question qui est devenu un rite depuis qu'il va si mal :

- Tu te sens comment mon amour ?
- Bien... Je n'ai plus mal... Et je crois que je n'ai pas saigné...

Elle passe doucement ses doigts sur le bas du visage de Cën, et le voit écarquiller les yeux. Il cherche à la voir mais... Non ! C'est impossible !

- Cën ? Tu me vois ?

Il n'a pas répondu tout de suite, et le silence, lourd de sens a pesé comme une chape sur ses épaules.

- Non...
- Par Elune !

Serrant les dents, au bord des larmes, elle a posé sa main sur les yeux de Cën, cherchant à raviver dans sa mémoire l'incantation qui monte à ses lèvres quand l'autre pouvoir se déclenche malgré elle. Mais la source semble tarie, sa main demeure inerte, désespérément normale, aucune lueur dorée n'en émane, et elle ne sent pas le picotement courir sous sa peau, annonciateur de guérison. Cën semble faire un effort surhumain et prend sa main. Elle en reste saisie, sa peau est glacée, elle ne perçoit aucune chaleur en lui.

- Mon cœur... Tu ne peux pas rester comme ça !
- Je ne sens presque plus rien... ça veut dire que je vais mieux...
- Mais tu es glacé ! Laisse moi te réchauffer !
- Ça veut dire que je vais mieux... Mais j'ai pas froid...

Elle se glisse dans le lit contre lui, abandonnant sur le sol ses bottes et ce qui pourrait la gêner et se colle à lui, tentant de lui communiquer un peu de sa chaleur. Elle ne connaît que trop bien ces symptômes annonciateurs du pire. L'extinction des sens, un par un, puis l'arrêt définitif du cœur à plus ou moins long terme.

- Je sens que je vais dormir encore.
- Je t'aime Cën... Je ferais tout pour que tu ailles mieux. Elle prononce ces mots d'une voix étouffée.
- Quand je me réveillerais... Je suis sûr que ça ira... Je sens presque plus de douleur... ça veut dire que je vais mieux...

Khâline reste muette, impuissante et regarde Cën. Elle se demande si la sérénité qui s'est emparée de lui va lui apporter la paix dont il a besoin. Elle, elle sait qu'il est aux portes de la mort, même si son esprit lui hurle que c'est impossible, pas lui, pas Cën, pas comme ça ! C'est un fier guerrier dont le destin est de protéger les siens ! Mourir de cette façon... pour elle... rien que pour elle... Elle réprime un sanglot et lui caresse doucement le visage, avec une tendresse infinie dans chaque geste, tentant de lui communiquer tout son amour pour le soutenir.

- Tu... tu as sans doute raison mon amour.
- Je... Je peux vous embrasser... S'il vous plaît...
- Tu... tu n'as pas à me le demander tu sais...
- S'il vous plaît...

Il tend ses lèvres exsangues et elle pose sa bouche doucement sur la sienne. Elle sent tout l'effort que cela lui coûte d'exécuter ce simple geste, et elle perçoit le moment exact où il glisse dans le coma qui l'emporte loin d'elle. Sa bouche s'amollit sous la sienne, et soudain, il n'est plus là, emporté dans une obscurité dans laquelle elle ne peut l'accompagner... Elle enfouit sa tête contre le torse de Cën, le corps secoués de sanglots.

Nous rentrons à peine du Mont Hyjal et je suis malgré tout contente de voir que nombreux sont venus nous aider, plus qu'il n'était ne c'était inscrit d'ailleurs.

Nous avons ramener deux fioles que Khaline a tenu à aller remplir elle même au fond du puits.

J'attend Kharess à Darnassus pour le sang de tigron .... ensuite j'irai donner tout ceci à Idhren.

J'ai trouvé un démoniste qui accepte de m'aider, en fait je le connais depuis longtemps mais sur le coup je n'avais pas pensé à lui. Etrangement il s'est trouvé sur ma route aujourd'hui, c'est un signe je pense.

Le temps semble suspendu, j'ai l'impression d'attendre depuis une éternité ...

L'expédition à Hyjal a été d'une déconcertante facilité. Elle se souvenait bien du chemin, et la distorsion du temps étant moins importante qu'à Hautebrande ou dans le Noir Marécage, l'effet d'étourdissement du retour dans le passé a été très minime. Ils étaient une dizaine à l'accompagner, pour l'aider sans doute, mais aussi curieux de découvrir ce lieu mythique entre tous.

Elle a chevauché en avant des autres, ouvrant le chemin, leur indiquant quelques points à savoir, avec pour seul but le puits d'éternité. Insensible à la beauté des paysages qui lui avaient coupés le souffle la première fois qu'elle les avait vu, elle écoutait d'une oreille distraite leurs commentaires admiratifs sur ce qu'ils voyaient.

Au puits, elle a plongé sans hésiter après s'être déshabillé sans pudeur sur la berge. Loin dans le fond, là où semble jaillir la source empreinte de magie, elle a recueilli la précieuse eau sacrée, rebouchant soigneusement les flacons avant de remonter vers la surface.

Quand elle est revenue auprès de Cën, elle a vu qu'il n'avait pas bougé d'un pouce. Elle s'est effondrée sur le lit, à côté de lui s'est endormie tout de suite, vaincue par une fatigue sans nom. Merende a dû frapper plusieurs fois à la porte avant qu'elle ne l'entende, quelques heures plus tard.

Accompagnée de plusieurs Hilneth du Clan et de Kathryl, Merende a demandé à voir Cën afin que Kathryl puisse rechercher l'os de tigre que Cën porte sur lui. Khâline les a laissé entrer quasiment sans un mot, trop fatiguée pour faire des mondanités. Le chasseur a blêmi en voyant l'état dans lequel Cën se trouvait et a commencé à examiner les nattes du géant.

Khâline est resté debout au pied du lit, incapable de détacher son regard du corps de Cën, pendant que Kathryl, du bout des doigts entreprenait sa recherche. Elle a bien vu sa moue dégoûtée parfois, quand il tombait sur des morceaux d'oreilles ou de scalps parcheminés, ou perplexe en reconnaissant le fragment blanchâtre d'une mâchoire de tauren. Sans compter les innombrables plumes, perles et autres colifichets qui ne lui facilitaient pas la tâche, mais il n'a rien dit, concentré sur ce qu'il faisait.

L'examen a duré de longues minutes, pendant lesquelles quelques rares mots ont été échangés. Kathryl semblait avoir du mal à trouver l'os qu'il cherchait, mettant de côté parfois un élément de la natte pour le repousser ensuite et quelquefois y revenir plus longuement.

Quand il a relevé la tête, il tenait dans ses doigts une dent de taille respectable.

- Voilà. Une dent de tigre, c'est tout ce que j'ai trouvé.
- Il faudra nous en contenter, et espérer que l'élixir puisse être fabriqué avec... Votre sœur a-t-elle trouvé un tigron ?
- Oui... J'ai reçu un mot par Vella tout à l'heure, elle ramène un petit né en début d'après midi.
- Parfait, dites lui que je l'attend au poste d'Aschenval alors. Je viendrais chercher Cën demain.
- Je... Pourrais je assister à la cérémonie ?
- Non... Il ne vaut mieux pas.

Elle n'a pas répondu, comprenant que, à sa manière, Merende cherchait tout de même à la protéger. Ils sont partis et elle s'est retrouvée seule avec Cën pour la dernière fois. Elle a allumé encore plus de bougies pour chasser l'obscurité angoissante autour du lit. Dormir ? Ne pas dormir ? Profiter de son souffle, de ses battements de cœur avant qu'on ne les lui enlève ? Elle hésite, le regardant, gravant dans sa mémoire le moindre de ses traits, parcourant du bout des doigts les cicatrices de ses joues et les tatouages de ses bras.

Machinalement, elle se met à nouer les tresses des cheveux que Kathryl n'a pas pris la peine de reformer. Ses doigts arrangent l'entrelace compliqué de ses nattes, démêlant une mèche, la glissant dans l'assemblage, lissant l'ensemble quand elle est satisfaite du résultat. Elle s'attarde sur une plume violette agrémentée d'une petite perle, la caressant pensivement. Elle a toujours aimé cette plume qui contrastait tellement avec le vert des cheveux de Cën ! Sans réfléchir, elle la détache, va chercher un lacet de cuir dans son stock et passe le tout autour de son cou. La plume vient se nicher au creux de ses seins et elle la sent sur sa peau à chacun de ses mouvements.

La lassitude l'envahit brusquement et elle s'assied sur le lit, à côté de lui. Il est toujours glacé et sa respiration est de plus en plus lente. Elle se penche sur lui et lui parle doucement à l'oreille, persuadée que dans son inconscience il entendra ce qu'elle lui confie.

"Cën... Si tu m'entends... J'espère que tu pourras me pardonner un jour... J'espère que tu comprendras... Je préfère te savoir vivant... Je n'aurais pas le courage de vivre sans toi... Tu es la flamme qui m'a fait avancer dans la nuit... Celui qui a éveillé mon cœur et donné un sens à ma vie... Tu es le père de mon enfant, celui que j'aime plus que tout au monde... Si tu l'as oublié, je te raconterais notre histoire, je te donnerais à nouveau mon amour... Tu seras plus fort que la mort... J'illuminerai ton âme et ton cœur comme tu l'as fais pour moi... L'amour qui nous unit ne peut pas s'éteindre ainsi... Je te le promets, on se retrouvera..."

La litanie s'est poursuivie jusqu'au petit matin...

La lune noyée de pluie luit faiblement dans la nuit, les nuages la voilent parfois et plongent le cratère dans une nébulosité onirique. Kharess n'y fait pas attention, elle a passé tellement de temps dans la région qu'elle n'a pas besoin du soutien de l'astre nocturne pour se diriger vers les sources de Golakka. Elle escalade les rochers et installe son bivouac juste à côté de l'eau. Aucun animal n'ose s'aventurer ici, et peu de monde s'y risque en général, elle n'a jamais eu d'ennuis, même quand elle y passait la nuit.

Sa peau la tiraille cruellement, résultat de trois jours de quête sous le soleil implacable des Tarides et de Strangleronce. La tenue trop échancrée qu'elle a achetée pour se dissimuler s'est révélée être un piège impitoyable pour sa peau délicate, peu habituée à être exposée de cette manière.

C'est dans la vallée de Strangleronce qu'elle a trouvé le tigron dont le vieil elfe avait besoin pour son élixir. Alors qu'elle venait de décimer un camp de Trolls, rendus hargneux après la mort des gardes, elle a entendu un rugissement de douleur sous la frondaison des arbres. Elle a achevé d'un coup de botte en pleine face le Troll qui tentait de se relever, sentant le nez et la mâchoire se désagréger sous la violence du choc. Elle n'a même pas pris le temps de fouiller les poches de sa victime et elle s'est précipitée pour voir d'où venait le hurlement qui l'avait alerté.

D'autres rugissements ont suivis, provocateurs et rageurs, et en s'approchant elle a distingué des bruits de combats, un halètement rauque, des pierres qui roulent... Elle se fond dans les ombres pour mieux observer et demeure stupéfaite par ce qu'elle voit. Un raptor s'est attaqué à une tigresse qui semble se battre avec l'énergie du désespoir. Dans le flou de la scène, elle ne distingue pas très bien ce qui se passe, mais il est évident que la tigresse ne tiendra pas le choc, elle semble déjà très affaiblie, et une écume sanglante pend de ses babines.

Instinctivement, Kharess sort ses dagues d'un geste fluide, les enduit rapidement de poison et saute sur le dos du raptor. Celui-ci, surpris stoppe net son attaque et cherche à se libérer de l'intruse qui s'accroche à son cou. Priant Elune pour réussir du premier coup, elle plonge aveuglément une de ses dagues dans le poitrail de la bête, puis l'autre, un peu plus haut. Le raptor se cabre dans un cri de douleur suraiguë et s'effondre sur le côté, envoyant bouler la voleuse contre un arbre.

Elle a mis quelques minutes à reprendre ses esprits, sonnée et contusionnée. Le calme était revenu autour d'elle, le raptor gisait dans une position grotesque, bel et bien mort, proprement égorgé. Elle a ensuite posé ses yeux sur la tigresse qui exhalait son dernier souffle. Les yeux d'or de la bête se sont ternis quand la mort l'a emportée, ses flancs se sont soulevés une dernière fois et un faible vagissement est monté d'un fourré.

" Je comprend mieux pourquoi tu te battais si fort ma belle"... Kharess a récupéré l'orphelin qui gisait sous les fougères et l'a fourré sous sa chemise pour le garder au chaud afin qu'il survive le temps de l'amener au Camp.

Merende l'attendait à Astranaar et lui a servi de sauf conduit pour entrer dans le Camp. Pour éviter toute confusion et par prudence, Kharess a glissé ses dagues dans une poche de sa besace, hors de vue des gardes et des membres du Clan, mais tout de même accessible pour elle...

Eldwinn était assis à côté du feu, un chaudron posé devant lui, des plantes étalées tout autour, dans un ordre précis. Il semblait plongé dans une profonde réflexion mais l'arrivée des deux femmes ne lui a pas échappé. Il s'est levé, un sourire narquois flottait sur ses lèvres pendant qu'il humait l'air autour de la voleuse. Elle a retenu son souffle, montrant à tous un visage impassible, mais le cœur battant la chamade. Il n'a fait aucun commentaire, mais elle a vu qu'il s'était rendu compte de ses efforts pour effacer toute traces de l'odeur de Yij.

Tous attendaient la suite. Merende a annoncé que Kharess amenait le tigron indispensable à la cérémonie. La voleuse a sorti le petit animal qui gigotait contre elle en miaulant faiblement, s'agitant dans ses mains. Sans répondre à Merende, le vieil elfe s'est préparé et a invoqué en différentes langues les esprits. Elle n'a pas compris ce qu'il disait, elle a juste reconnu du Thalassien et la langue du Clan, que Kharess ne parle pas, - Mahelys lui a traduit en chuchotant - , puis d'autres langues qui lui étaient complètement inconnues. Certaines des intonations d'Eldwinn lui ont froid dans le dos quand il les a prononcé, et elle a remercié Elune de ne pas comprendre tout ce qu'il racontait.

Il a ensuite pris son athamée et l'a tendu devant lui, manche en avant. Kharess a vu les réactions de recul de l'assistance et les visages qui se tendaient à l'idée de ce qui allait se passer. Personne n'osait approcher du feu ni du chaudron "Et sans doute pas du vieux non plus" a pensé Kharess.

Elle a tendu la main et a pris l'athamée, soupesant en connaisseuse la lame délicatement forgée. Des runes anciennes étaient gravées sur la lame et le manche était joliment ouvragé. Vu le poli de l'objet, il devait être bien plus vieux qu'elle et devait servir à son propriétaire depuis des millénaires. Elle a affermi sa prise sur le manche et en relevant la tête, elle a vu tous les gardes du Camp qui la maintenaient sous la menace de leurs arcs bandés.

- Ben alors ? on a la trouille ?

Elle n'avait pas pu s'en empêcher, c'était plus fort qu'elle, devant le danger il fallait qu'elle la ramène. Loin de détendre l'atmosphère, sa saillie goguenarde a semblé raidir encore plus les spectateurs de cette si étrange scène.

- Où ?
- Le chaudron. Et n'en perdez pas une goutte !

Elle a vu Merende bouger les doigts et incanter un sort dans sa direction. Le bébé tigre s'est endormi d'un seul coup dans sa main, pendant qu'elle lui gratouillait la tête. La dague dans la main droite, elle tenait le bébé tigre par le cou. Elle a alors basculé la tête du tigron en arrière, dans une vaine tentative de lui rompre les cervicales afin d'abréger son agonie, et d'un seul geste lui a tranché la carotide. Le sang a éclaboussé ses mains et ses avants bras, puis a coulé, chaud et onctueux, dans le chaudron au fond duquel quelques plantes étaient jetées. Le tigron a couiné légèrement, remuant un peu, mais rapidement il s'est amollit sous ses doigts. La vie le quittait déjà, et Kharess songeait que c'était aussi bien, sans sa mère il n'aurait pas survécu longtemps dans la jungle. Le rythme du cœur s'est alangui, s'est fait léger, fuyant, la petite poitrine se soulevait spasmodiquement pour finalement s'arrêter. Quand le flot de sang s'est tari, la fourrure du bébé était teintée de rouge, ainsi que les mains de Kharess.

- Jetez le là !

Eldwinn montrait vaguement le feu, tout en versant dans le chaudron des essences de vie, puis des essences d'agonie. Kharess s'est penchée au dessus du feu et a laissé glisser le petit corps inerte dans les flammes. La fourrure orange s'est embrasée, et une écoeurante odeur de poil grillé, de sang et de chair qui se consume est monté dans la nuit. Elle s'est redressée, l'athamée toujours dans ses mains, se demandant ce qu'elle devait en faire. Merende a dû croire qu'elle risquait de s'en servir contre Eldwinn, car elle lui a prit des mains le cachant à sa vue.

D'autres incantations sont montées dans la nuit. Le druide a tendu une fiole à Shandara, lui ordonnant de verser une goutte de l'eau du puits dans la mixture écoeurante. Kharess a pris le temps de regarde tout ceux qui étaient là, observant les visages et les réactions. Le sang du tigron colle toujours à ses doigts, et elle les frotte entre eux machinalement pendant que la cérémonie se poursuit. Eldwinn demande ensuite à Shandara, écumante de rage, de réduire en poudre la dent de tigre et se désintéresse de la gamine qui proteste. Il récupère son athamé, ordonne à Merende de tendre sa main, lui entaille le doigt, puis entaille sa propre paume.

Leurs sangs se mêlent et coulent dans le chaudron, l'atmosphère devient irrespirable. Eldwinn hurle quelques mots, son visage se déformé quand il cri et soudain le silence. Encore un mot et le feu s'éteint, le chaudron noirci et refroidi d'un seul coup. Tout le monde semble sonné, étourdi par cette cérémonie étrange à la fin spectaculaire. Eldwinn remplit une fiole, demande la poudre, en jette une pincée dans l'élixir et referme soigneusement la fiole en donnant des instructions à Merende.

Shandara s'agite. Kharess a bien noté depuis son arrivé l'air furibond de la gamine qui l'a vise à présent avec son arc, mais son regard ne s'est pas arrêté sur elle. Elle l'ignore purement et simplement. Lui tirer dessus à l'arc ? Si ça chantait à la guerrière, pourquoi pas, mais Kharess sait instinctivement qu'elle n'aura pas le cran de tirer. Pas ici, pas ce soir, ni à ce moment précis. Son sixième sens, celui auquel elle accorde une confiance aveugle en n'importe quelles circonstances avait raison. La gamine ne le fait pas, même quand Kharess, invitée à se retirer, va se laver les mains dans l'eau du lac, prenant le temps d'effacer toute trace de sang sur ses mains.

Elle quitte enfin le Camp, épuisée, après avoir obtenu de Merende le lieu et l'heure de la cérémonie du lendemain. Elle y sera.

Sa hutte est encore envahie par la pénombre alors qu’elle s’éveille, prise par une envie pressante. Elle ouvre les yeux, caresse et dépose un doux baiser sur le bras du Rhiwin qui l’enserre. Avec d’infinies précautions elle soulève le bras de son amant endormi et le repose sur l’oreiller. Elle se dégage de la couche en frôlant son corps chaud, le caressant avec tendresse et légèreté. Shandara s’extirpe avec lenteur, pour ne pas rompre le contact de leurs corps entremêlés trop brutalement. Avec affection elle borde le Rhiwin et lui dépose un baiser sur la joue.

Les deux pieds hors de la paillasse elle se saisit de sa robe et l’enfile rapidement, ne prenant pas la peine de l’ajuster tant son envie devient pressante. En passant l’entrée de la hutte, elle jette un dernier regard à son Rhiwin si paisiblement endormi, ou du moi le croit-elle. Un sourire se dessine sur le visage apaisé de son amant et elle comprend qu’elle ne pourra jamais se jouer de lui. En se tortillant pour ne pas exploser, elle lui souffle un baiser et s’enfuit pour se soulager dans les buissons tout proches.

Après être passée au lac se rafraîchir elle repasse l’entrée de sa hutte. Avec plaisir elle constate qu’il n’a pas bougé, il est là, allongé sur le côté sous la couverture. Elle remonte sa robe et se dévêt pour le rejoindre sous la couverture. Elle ne peut s’empêcher d’agir avec douceur et précaution alors même qu’elle sait bien qu’il ne dort plus. Elle aime cette petite comédie du quotidien, ces attentions qui permettent à chacun de croire en l’autre. Se glissant sous les draps elle blotti son corps refroidi contre le sein encore chaud. Dans un geste tendre il l’enlace de son bras et lui donne un baiser sur la nuque avant d’enfouir son visage dans sa chevelure, comme il aime tant le faire.

Au creux des bras de son amour, entourée de cette tendresse silencieuse, Shandara se remémore la nuit. Elle avait tant attendu son amour, priant qu’il revienne indemne de cette expédition avec le clan. Elle avait aussi tant espéré que le retour de Cënëdril aurait pour effet de laver son honneur, de faire que le clan se retrouve…
Mais quelle déception quand elle avait vu cette voleuse participer au rituel barbare. Le cercle symbolique du clan était brisé par cette intruse. Même le vénérable l’avait acceptée au mépris de sa propre parole…

Shandara, prise par un frisson, se pelotonne contre son Rhiwin. Elle retrouve le sourire alors qu’il caresse amoureusement son abdomen et descend sa main vers son bas-ventre, à la manière d’une araignée, sur le bout de ses doigts. Chatouilleuse et prise par un désir naissant elle se retourne et se place au dessus de lui en le plaquant sur le dos. Les deux amants se contemplent, les yeux dans les yeux, émus de se retrouver ainsi au matin d’une journée si particulière. Déjà un mois qu’elle portait la vie en elle, le jour du salut pour Cënedril aussi…

Derrière l’émotion de leurs regards amoureux, leurs caresses sensuelles attisées par leurs désirs mutuels, les nuages noirs de l’orage s’amoncelaient et grondaient dans la tête de Shandara. Devait-elle se priver de sa fierté, de son honneur de guerrière, de ses ennemis ? Etait-elle sur le point de vieillir, de faiblir ?

Une larme coule sur sa joue tandis que sa vengeance et sa fierté s’efface en disparaissant dans la brume de ses émotions.

La nuit était calme mais longue , extrêmement longue.
Merende ne trouvait pas le sommeil, impossible de chasser de son esprit les images du rituel d’Eldwinn pour la création de l’elixir. Les mots qu’il a prononcé dans cette langue qu’elle ne comprend pas la hante. La vision du tout petit bébé tigre égorgé par Kharess et vidé de son sang. La douleur de son doigt qu’Idhren a ouvert avant de s’ouvrir sa propre paume et de mêler leurs sangs à celui du tigron. L’étrange alichimie qui s’est produit quand la goutte d’eau du puit d’éternité est entrée en contact avec les sangs. La poudre de la dent de tigre flottant au à la surface du remède …

Tant de chose tourne dans sa tête : la peur que le rituel du lendemain ne fonctionne pas, l’espoir de revoir à ses côtés le guerrier fort et protecteur qu’elle a connu, la tristesse d’avoir perdu celui qui était presque devenu un confident.

Finalement, le jour se lève sans qu’elle ne s’en aperçoive, trop absorbée par ses pensées.
C’est en début d’après midi qu’elle est enfin sorti de sa hutte, demandant aux Daendils présents de venir avec elle chercher Cënëdril à Darnassus.

Quand ils arrivèrent dans la maison de Khaline, Cen était seul, profondément endormi et tellement loin déjà.
Avec l’aide de Mahelys et de Daltheema, Merende a déshabillé Cënëdril afin de le revêtir de son armure rituelle.
Ensuite, elle a demandé à Daenaith de rapproché la civière et elles l’ont déposé dessus.

La route vers Féralas fut longue et sans cesse Merende vérifiait qu’il n’était pas trop tard, que le guerrier avait encore un petit souffle de vie.

Le démoniste, Marud, était bien là, fidèle au rendez-vous. Il avait amené une amie à lui, Serenade, pour l’escorter durant le voyage. Et Kharess était présente aussi, étrangement calme et silencieuse.

Ils arrivèrent enfin tous en vue du camp et la magnifique cascade parvint à arracher un sourire à la druidesse.
L’entrée dans le camp ne fut pas difficile, les ogres ne s’attendant pas à de la visite, furent rapidement exterminés.

Cënëdril a été placé sur le parvis de la plus grande des anciennes grottes sacrées du clan.
Merende a débouché l’elixir d’Eldwinn et l’a fait avaler lentement au guerrier.

Ensuite, Marud a commencer à user de son pouvoir pour capturer l’âme du guerrier. C’était très impressionnant et Merende était très angoissée de voir le corps de Cënëdril s’agité comme parcourus de spasmes. Finalement, un grand rayon de lumière a jailli de la main du démoniste et quelque chose est sorti de Cen, comme une ombre pour entrer dans le réceptacle que l’on nomme Fragment d’âme. Le démoniste a ensuite donné ce fragment à Merende qui l’a enfouie dans son sac en le remerciant.

Alors, Merende s’est agenouillé devant le grand corps inerte et a demandé à l’Aorée de reprendre sa place, de retrouver sa force et de relever le guerrier. Elle a ensuite déposé un baiser sur les lèvres du géant inconscient et a demandé à Mahelys de le ramener à la vie avec son don druidique pendant qu’elle renouerait le lien avec le clan.

A ce moment là, alors que tous retenaient leur souffle, Cënëdril a lentement ouvert ses yeux. Ils étaient toujours noirs mais une lueur vert pâle brillait au centre, signe que le rituel avait fonctionné.

Le soulagement s’est lu sur tous les visages, l’étonnement aussi devant cet exploit.

Après avoir remercié le démoniste et son amie, les Daendils reprirent le chemin du camp d’Orneval.

Cënëdril fut installé dans la hutte de Merende ainsi elle pourrait le surveiller le temps au moins qu’il reprenne conscience.
Si tout se passe bien , il pourra s’entraîner à nouveau d’ici 2-3 jours. Il est si maigre, si faible, l’entraînement physique sera nécessaire.

Epuisée, Merende est entrée dans sa hutte et s’est allongé à côté du guerrier, surveillant sa respiration et son sommeil un peu agité avant de s’endormir elle aussi, vider du stress de ces derniers jours.

Galadrinn s'est rapprocher du centre du camp quand les rumeurs du retour de Cen se sont fait entendre.

C'est là qu'elle a rencontré Shandara !

Alors qu'elle cogne rageusement sur la roche pour tenter de calmer ses nerfs, Galadrinn ne cesse d'entendre en boucle les paroles de Shandara.

- Kathryl est tellement faible ...
- Si çà continue comme çà jamais je n'aurai ma revanche ...
- Si je ne l'ai pas tué c'est parce qu'il était incapable de marcher seul ...
- Ben il est vieux tu devrais t'y attendre ...

Galadrinn a bien failli leur coller son poing dans la figure, mais elle s'est retenu et a couru droit devant elle en hurlant :

TU MENTS !

Elle était déjà loin du camp quand elle a arrêté de courir. Elle a repris son souffle, ses esprits tant bien que mal et est retourné au camp en marchant d'un pas lourd, soucieuse des conséquences que pourrais avoir sa fuite.
Ne voulant surtout pas que Kathryl soit accusé de l'avoir fait évader.

Galadrinn est épuisée, inquiète et tellement en colère .....

Discrètement fondue dans le décor, Mahelys était couchée en boule aux pieds de Cënëdril. Elle dormait profondément, et son corps était souvent parcouru de spasmes, ses pattes et ses paupières remuant et tressautant sans cesse. Parfois même, elle poussait de petits miaulements de détresse. Dans ses rêves, comme un au revoir, elle revit les derniers mois, les derniers jours…


Un nuage de lucioles entourait Mahelys, et une main était posée sur son épaule. C’était celle de Merende, dont elle distinguait à peine le visage dans la lumière vive qu’envoyaient les petits insectes. Face à elles, un vieux druide ensommeillé tenait la main ensanglantée de Mahelys, et déposait des pierres runiques dans sa paume. Quelques instants après, la voix du vieux sage résonnait dans la grotte, racontant une bataille, racontant la mort.

« Ton père était un Rhîwin du clan, un grand combattant … »


Le temps s'étira, les lumières des lucioles s’estompèrent, et le décor changea : Mahelys se trouvait maintenant en Féralas, au Bastion de Pennelune. Cënëdril posa un genou au sol devant elle et se releva. Quelques secondes plus tard, ils étaient assis dans l’herbe ; leurs regards trahissaient leur émotion, et leur étonnement. Puis ils marchèrent côte à côte vers les maisons, Cënëdril jetait de temps à autre des regards curieux et attendris sur la druidesse tandis qu’ils discutaient. Arrivés sur le quai, Mahelys et lui se regardèrent, et elle prononça maladroitement des mots nouveaux, accompagnés de sentiments naissants.

« Nous nous reverrons au campement, fais attention à toi… mon frère »


Ensuite, des images de gestes et de mots tendres que son frère avait parfois eus pour elle, et elle pour lui défilèrent dans le désordre derrière les paupières du félin endormi :

Cënëdril déposant une bise sur le front de Mahelys, Mahelys minaudant comme une enfant sur ses genoux. Des tutoiements et vouvoiements incertains. Cënëdril piquant une colère après avoir vu sa sœur se mettre en danger, Mahelys se hissant sur la pointe des pieds pour lui déposer une bise infiniment tendre sur la joue. Cënëdril lui tendant de bonnes choses à manger entre deux combats, Mahelys s’inquiétant pour lui en le voyant charger. Cënëdril murmurant des mots rassurants à son oreille en la voyant inquiète. Deux grands regards dégoûtés posés sur une araignée à leurs pieds. Mahelys prenant du service à la taverne à sa place pour le soulager, Cënëdril la poursuivant après l’avoir croisée en pleurs de rage. Cënëdril et sa bien-aimée racontant leur désespoir à Mahelys dans une vieille maison délabrée, plaçant toute leur confiance en elle. Mahelys se taisant devant Naneth. Le frère et la sœur discutant dans un jardin ou aux abords d’un canal, entre deux appels au combat.


Le félin se recroquevilla ensuite sur lui-même. Dans le songe, Mahelys sentait à nouveau la douleur insupportable qui lui avait brusquement dévasté le ventre quand son frère avait pris sa liberté, et coupé le lien du clan.

La voix blanche et désespérée de Merende retentit en elle comme un couperet …

« Il ne reviendra pas… »


Et puis, celles de Mahelys et Cënëdril : «
- Tu n’as qu’un mot à dire ….
- si je revenais au camp, je ne pourrais jamais en repartir »


Le décor et la lumière changèrent encore… Cënëdril était allongé dans la maison de Khâline, agonisant. Le lit paraissait minuscule, pourtant le guerrier était décharné et fragile. Mahelys déposa une fleur vivante près de lui. Puis elle vit Kathryl penché sur lui, défaisant ses tresses. Elle aida Merende et Daltheema à lui enlever son armure pour lui mettre la tenue rituelle. Enfin, elle souleva une jambe de son frère, tandis que Merende tenait l’autre, et avec d’autres Daendils elles le hissèrent sur une grande civière.

Lorsque le rêve de Mahelys prit fin, Cënëdril entrouvrait des yeux voilés de noir, tout juste animés d’une petite lueur verte.