Une tour d'ivoire aux fondations ebranlées

Hier soir ....

Une caresse sur son visage, un doux baiser sur ses lèvres et une voix chaude et aimante qui lui dit :

- Je reviens ma douce, le clan a besoin de moi ce soir dans la Tour Noire. Ne t’inquiète pas.

Galadrinn essaie d’ouvrir les yeux mais cela lui prend trop de temps et elle n’aperçoit qu’une silhouette aux longs cheveux blancs passant le seuil de sa hutte.
Elle essaie de se lever pour le retenir mais un beau lion à dents de sabre blanc pose sa lourde patte sur elle pour la maintenir allongée. La guerrière, trop faible n’as pas le choix. Elle se laisse retomber sur son matelas de paille trempé de sueur en rallant.

Quelques instants plus tard, combien de temps elle l’ignore, il lui semble reconnaître la voix d’Ilyrana près d’elle et d’autres voix qu’elle ne reconnaît pas dans le délire de sa fièvre.
Elle se sent soulevée, déshabillé et bientôt le contact frais d’un linge mouillé caresse son corps.
Qui prend soin d’elle ? Qui la tient debout pendant qu’on la nettoie ? elle est incapable de le voir.
Quelqu’un sèche son corps affaibli et on lui enfile une longue robe de lin simple avant de la recoucher.

Tient ! la paille semble plus ferme et le drap qui la recouvre est sec … c’est agréable.

Ilyrana porte aux lèvres de la guerrière un petit flacon qui commence à se vider dans sa bouche.

- Boit çà !

Galadrinn avale un peu, avec peine ce liquide au goût âcre. Un haut le cœur lui vient immédiatement et elle entend :

- NON ! tu ne le recraches pas !

La voix est ferme et sans appel. Galadrinn serre les lèvres et avale le liquide tant bien que mal.

Au bout d’un bon moment, elle se rend compte qu’elle a moins chaud et se sent un peu moins molle. Son regard parcourt sa hutte. Elle voit la meute de Kathryl couché çà et là autour d’elle sauf Vella et Humar. Elle sourit, rassurée que son chasseur ne soit pas parti seul. Elle ferme les yeux un instant, attendant son retour.

Plus tard, elle est réveillée en sursaut par Sian qui c’est levé d’un bond en entendant Kathryl approcher.
Elle ouvre les yeux juste à temps pour le voir entrer dans la hutte. Elle lui sourit et est soulagée de voir qu’il n’a pas l’air blessé.

- Oh pardon ma douce, je t’ai réveillé

- Pas grave, j’passe mon temps à dormir de toutes façons …

Il s’approche d’elle, dépose une bonne partie de son équipement au sol et s’assoit sur la paillasse avant de l’embrasser.

- Tu as l’air d’aller mieux !

- Oui, Ilyrana m’a fait boire un truc immonde mais çà à l’air de faire baisser la fièvre. J’me sens moins molle !
Et toi !? çà va ?

- Oui, maintenant que je te vois plus en forme ! il lui sourit avec une infinie tendresse

- Vient ! lui dit-elle en écartant la peau de bête qui lui sert de couverture.

Kathryl finit de se mettre à l’aise et se glisse à côté d’elle.
Aussitôt la guerrière vient se blottir dans ses bras, lui déposant au passage un baiser dans le cou. Elle ferme les yeux en souriant et se rendort presque immédiatement.
Le chasseur remonte sur eux la pièce de fourrure pour pas qu’elle est froid puis ferme les yeux à son tour se laissant aller dans un sommeil réparateur.

Galadrinn était maintenant bien remise de son intoxication alimentaire, elle avait repris ses combats et cet épisode déplaisant était déjà oublié.

Elle continuait à amener régulièrement Kathryl au camp la nuit et s'amusait toujours de voir sa mine inquiète quand il craignait de réveiller quelqu'un....

Le chasseur émergea de sa nuit de sommeil.
Il remonta machinalement la couverture sur sa compagne, lovée dans ses bras, un sourire aux lèvres.

Cette expression sur le visage de Galadrinn lui fit plaisir, il aurait aimé voir de même sur tout ceux qu'il côtoyaient régulièrement et pour qui il éprouve de l'affection.
La liste commençait a se faire longue, lui qui lisait régulièrement tristesse, malheur et désespoir sur nombre de visage de son entourage.
Certains commençaient a le toucher plus que d'autre.

Ca a commencé par une druidesse, lorsqu'elle le croise en compagnie de Galadrinn, elle se mettait a le fuir.
Par deux fois il lui a demandé la raison, et la deuxième elle lui avoua ses sentiments envers lui.
Cela faisait plusieurs mois que c'était ainsi.

Leur discutions lui revint à l'esprit:

- J'aimerais que nous n'ayez pas a souffrir.
- Je crois que cela ne se décide pas.
- On a toujours le choix.
- J'aimerais que ce soit vrai.
- Je pense que ça l'est.
- Remuer le nez ou claquer des doigts pour changer des sentiments ... ça ne marche pas ainsi.
- Je n'ai pas dit que c'était simple, j'ai dit qu'on a toujours le choix.
- J'ai choisi de faire mon possible pour ne rien troubler entre Galadrinn et vous.
- Je n'ai aucune envie de vous voir dépérir et en souffrir.
- Cela me touche, mais ne vous en faites pas pour moi.
- Je m'inquiète pour tout ceux qui sont autour de moi, vous voir tourner le dos et fuir n'est pas agréable.
- J'ai honte si vous saviez, mais c'est ingérable autrement.

Vella le tira de sa rêverie, elle venait de se poser sur un arbre voisin et émit son cri falconin habituel, le chasseur lui demanda gentiment de ne pas réveiller sa compagne, profondément endormie dans ses bras.
L'animal au magnifique plumage pris un air faussement indigné en se drapant dans ses ailes, l'esprit du chasseur vagabonda de nouveau.

- Vous n'avez pas choisis le plus simple, la voie des bêtes est long, difficile, malgré les apparences, et qui plus est vous me demander de vous guider, vous aller en souffrir.
- Et vous ? Vous n'allez pas en souffrir ?
- Si je vous évite vous allez souffrir, si je vous laisse fuir vous allez souffrir, si je vous guide vous allez souffrir. Quoique je fasse je ne verrais que souffrance et je la partagerais ...
- Tout aurait peu être été plus facile si vous étiez du Clan
- Je ne le suis pas et même si vous y pensez, jamais vous n'abuserez de votre rang.
- C'est vrai, je ne lui infligerais pas ça pour rien au monde.

Le chasseur repensa immédiatement à une conversation avec sa compagne alors qu'il lui avait fait remarquer le comportement de la druidesse puis lui avoir dit qu'il lui avait fait s'expliquer.

- Tu sais, si elle te réclame je n'aurais rien a dire et je devrais te laisser. Avait dit Galadrinn
- Elle ne ferait jamais ça, et elle t'aime suffisement pour ne pas te faire ça
- Elle m'aime ?
- D'amitié oui bien sur.

Machinalement le chasseur frotta une des brûlures qu'il avait reçu alors qu'il aidait la druidesse.
Celle-ci avait manqué de se faire tuer, des gangrecanons avaient craché leur pluie de flamme verte sur la Druidesse et elle n'avait pu les éviter a temps.
Elle se retrouva entourée de démon et commença a lutter pour sa vie.

Le chasseur n'avait pas tout de suite vu ce qu'il s'était passé, il continuait de lancer les bombes qu'on lui avait confié avant de remarquer que la druidesse n'était plus dans le ciel.
Il avait fait piquer sa monture droit sur le tas de démon qui entouraient la druidesse.

De longue minutes plus tard après un très rude combat, le chasseur aida la druidesse a se relever.
Il se regardèrent tout deux, couvert de brûlure, d'estafilades diverses mais en vie.

- Tu va bien ? Demanda t'elle

Le tutoiement n'échappa au chasseur, c'était la deuxième fois que la druidesse se laissait aller.

- Je ne veux pas voir une deuxième Merende. Avait dit le chasseur.
Et la druidesse avait posé un doigt sur ses lèvres pour qu'il se taise avant de le retirer prestement.

- A quoi tu pense mon Amour ? Demanda Galadrinn, arrachant son compagnon a ses pensées.
- A l'avenir incertain autour de nous
- Profite de l'instant présent.

La Guerrière embrassa Kathryl et tacha de lui faire oublier l'avenir pour le tourner vers le présent.

Galadrinn se réveille presque en sursaut mais n’osant bouger. Elle regarde autour d’elle : le ciel étoilé, le sol dur de l’îlot et Kathryl allongé près d’elle. D’ailleurs, elle a sa tête posée dans le creux de son épaule.

Elle soupire et referme les yeux mais des images lui reviennent : les tranchantes, Sylve Ruuan, l’auberge, Mahelys.

- tu voulais me parler Galadrinn ?
- Oui Heryn * s’incline *

Galadrinn se souvient de l’étrange sentiment de gêne qui l’a envahi à ce moment là !

- De quoi voulais-tu me parler ?
- Kat !

Mahelys s’est un peu raidi, et la gêne s’est lu aussi sur son visage.

- Il m’a parlé, il m’a dit les sentiments que vous avez pour lui.
De part nos lois Heryn, si vous le voulez … il est à vous. Prenez-le !

Galadrinn se souvient de la douleur dans son cœur quand ces mots ont franchi sa bouche.

- Non ! je ne te ferais pas çà

- Je ne suis rien Heryn, juste une arme pour le clan, l’amour est une faiblesse pour quelqu’un comme moi et puis, il mérite beaucoup mieux que moi. Prenez-le !

- Ne dis pas cela, tu es importante pour le clan et Kathryl est heureux avec toi. Et je ne veux pas te revoir dans un bar dans l’état dans lequel je t’ai déjà vu.

- Çà ! çà n’arrivera plus jamais, j’me soulerai plus à ce point là ! j’voyais Tyras partout !
Mais vous ! j’veux pas vous voir d’venir comme Naneth ! vous l’aimez, prenez-le !

Elle se répète à voix basse ce qu’on lui a toujours dit :
Une Heryn choisit le mâle qu’elle veut, elle a tout pouvoir
Une Heryn a ce mâle pour elle seule.

- Et si je le quitte tout de même ? un beau mâle bien batti çà se trouve partout, j’le remplacerait facilement ! * le ton était volontairement provocateur *

Quelle douleur au fond d’elle quand elle s’est entendu dire cela. Mais la lutte entre son « éducation » et ses sentiments était telle qu’elle ne savait plus quoi faire d’autre.

- Gala ! s’il te plait

- Bon, on est d’accord alors ! j’ai courrier à faire moi

- Non Gala ! ne fais pas çà ! Il en serait trop malheureux.

- Vous seriez là pour lui, non ?!

- Ce ne serait pas pareil !

*d’une voix dure * Vous voulez quoi alors ? qu’on se le partage ? un bout chacune ?

- Non voyons ! il me guide dans la voix des bêtes, c’est un ami, rien de plus ! Garde-le !

- un ami ?! mmhh *peu convaincu *
Vous êtes quelqu’un de bien Heryn, Naneth a raison de vous faire confiance …..

Galadrinn ouvre lentement les yeux et regarde Kathryl endormi contre-elle. La lutte est toujours en elle, il le sait, il lui a presque reproché quand elle lui a dit qu’elle avait parlé à Mahelys.

- Et tu lui as dit quoi ? qu’elle pouvait me prendre ? et elle a répondu non je suis sur !

La question résonne encore à ses oreilles. Elle se blottit un peu plus contre lui. Instinctivement, il resserre ses bras sur elle et cela la fait sourire.

- Profitons des moments que nous avons ensemble, pour le reste on verra ! si une décision doit être prise autrement, je le ferais….

Les yeux cernés, baillant à s'en déboîter la mâchoire, le chasseur se glissa dans le lit de la Guerrière.
Celle-ci se blottit inconsciemment dans ses bras, le chasseur sourit et déposa un baiser sur le front de l'Elfe.

Kathryl se demanda si il avait fait le bon choix.
Le choix soufflé par sa meute de Lion.
Un choix bizarre pour des Elfes.

Il s'endormit comme une masse, fatigué par la très longue et éprouvante discussion chargé d'émotion.

Allongée dans la pénombre, Galadrinn ne trouve pas le sommeil, son regard dans le vague elle repense à l’étrange soirée qu’elle a passé.

Kathryl en colère qui lui ordonne presque de venir à Cabestan avec Mahelys.
Il voulait parler de cette situation étrange qui les lie tous les trois.

- J’aime Kathryl mais Mahelys aussi.
C’est une Heryn, je devrais m’effacer, lui laisser mais elle refuse, se répète – t’elle
Kathryl la voit nous fuir et son malheur grandir, il ne le supporte plus.

- En fait aucun de nous ne veut faire souffrir les autres inutilement …. Mais comment faire.
Kathryl semble penser que suivre l’exemple de sa meute, le partage des individus serait la solution la moins cruelle pour nous trois.

Le partage ! mh, Galadrinn l’a déjà fait ! partager un mâle mais là …la situation est tellement différente. C’est une Heryn, La Heryn du clan, pas n’importe qu’elle rivale.

Galadrinn tourne et retourne la situation sans cesse dans sa tête, ne sachant que faire.

Soudain, un mouvement près d’elle, c’est Kathryl. Elle ne bouge pas, ne veut pas lui montrer qu’elle ne trouve pas le sommeil. Il se déshabille et vient s’allonger près d’elle. Elle vient se blottir dans ses bras, comme elle le fait à chaque fois. Il dépose un baiser sur son front.
Elle reste immobile, le regardant s’endormir. Elle réprime le brûlant désir qui monte en elle quand il est ainsi si près. Il est fatigué, perturbé, elle doit le laisser. Ce désir l’empêche encore plus de trouver le sommeil, tampis …
Elle attend dans le noir, sans bouger que quelques heures s’écoulent puis elle sort lentement des bras de son amour, se lève, enfile son armure, attrape ses armes et sort.

- Combattre un peu ! çà m’fatiguera peut-être assez pour trouver le sommeil !

Galadrinn s'est réveillée alors que les pales lueurs du jour naissant entraient dans le bateau. Son regard se porta immédiatement sur Kathryl qui dormait encore.
Elle voulu se lever mais se ravisa, se remémorant l'angoisse du chasseur quand il ne la trouvait pas à son réveil.
Elle blottit un peu plus son corps nu contre le sien. Elle sourit quand par réflexe, Kathryl la serra un peu plus fort, comme si même dans son sommeil, il voulait l'empêcher de fuir ...

Le temps semblait suspendu, elle ne sait pas du tout combien de temps elle a attendu ainsi.
Ne réprimant plus son besoin de le toucher, elle laissa ses doigts glisser sur son torse, suivant chaques muscles endormis un par un.
Kathryl bougea légèrement et quand elle releva la tête, se fut pour constater qu'il la regardait en souriant.

- bonjour ! lui lance t'elle en souriant à son tour.

Puis comme attiré par ses lèvres, elle se redressa un peu pour venir l'embrasser.

- j'ai faim, j'vais aller nous chercher un truc à manger d'accord ?

Pour toute réponse, il l'embrassa à nouveau.
La guerrière roula sur le dos en entrainant le chasseur avec elle, lui caressant le dos et l'embrassant tendrement.

Ils s'étaient endormis tout deux ici après de longues et passionnées étreintes ... le réveil prenait ce même chemin, dommage pour l'estomac de la guerrière qui criait famine, mais profiter de lui, de ses caresses, de ses baisers, de son corps contre le sien lui semblait plus important pour le moment . Elle irait manger plus tard.

Les mains du soir s’étendent lentement sur la forêt d’Orneval. A mesure que la lumière du jour décline, l’atmosphère se rafraîchit. Tandis que des éclaireurs nocturnes commencent à escalader les arbres entourant le camp, la plupart des Daendil ralentissent leurs activités de la journée.

Comme souvent, plusieurs s’assoient en cercle autour du feu, s’occupant juste à tanner une peau, rêvasser, préparer du thé, trier des gemmes ou des plantes.

Mahelys est assise parmi eux, droite, le regard lointain. Elle plonge une main dans la petite bourse accrochée à sa taille, en extrait une poignée de poussière d’illusion et la jette dans le feu ; quelques elfes lèvent les yeux de leur ouvrage, sourient au spectacle des crépitements. Elle murmure quelque chose à l'oreille de la Laerin assise à ses côtés, et plonge le regard dans le feu.

*
Comme si elle prenait vie, l’Heryn voit une flamme se mettre à danser .. C’est une danse parfois vive, parfois langoureuse... Ses mouvements semblent onduler en cadence avec l’assemblage de bois et de terre qu’elle consume, l’animant et l’entraînant dans sa danse vivante. Comme le ferait Galadrinn avec Kathryl, pense furtivement la druidesse.

Un petit souffle aérien virevolte entre les huttes du campement, soulève les cheveux des elfes, frôle la flamme.. semblant la déstabiliser au passage

La brise s’attarde, passe en farandole entre les racines environnantes, fait frissonner la flamme, caresse le sol sous elle. Elle soulève de minuscules braises, les faisant tournoyer dans les airs avec légèreté. La flamme accélère le rythme de ses ondulations, semble vouloir se révolter contre le vent, pour courber l’échine, et finalement… s’éteindre presque…

La brise se fait plus douce, s’éloigne du sol et enveloppe la flamme, qui l’enveloppe à son tour. La flamme se ravive, reprend sa danse, léchant le sol en toutes petites flammèches. Le souffle aérien plane et revient, entourant de ses bras de nombreuses granules de terre chaude qui semblaient l’attendre.. la brise et la flamme les soulèvent légèrement du sol, ne formant plus qu’un…

Après un instant d’éternité, le vent file dans un courant frais, laissant la flamme poursuivre sa danse harmonieuse parmi les bûches et les grains de terre encore tourbillonnants.
*

Les effets de la poussière d’illusion s’estompent, Mahelys est tirée de sa rêverie par la voix d’une Laerin :
« Heryn ! Heryn ? Tout va bien ? »

Quelques heures plus tard, tous les elfes du Clan sont partis se coucher, seule une hutte est encore éclairée.
Étoilée traverse le campement endormi, écarte le voile de la hutte éveillée, passe la tête à l’intérieur. Son tigre vient lécher la truffe de Griffu, couché de tout son long sur le grand tapis. Mahelys se retourne vers sa sœur, glisse furtivement un bracelet de cuir dans son sac et la suit.
« Chut.. Tu es prête ? Allons-y… »
Pour toute réponse, Étoilée siffle en direction de son tigre et du jeune lion. Les deux fauves se lèvent et les rejoignent.

Un peu plus loin, un Lavasin de garde les voit passer, saute de son arbre et les arrête, le regard méfiant.
« Qui êtes-vous ? Que faites-vous aux abords du camp à cette heure de la nuit ? »

Mahelys repousse son capuchon en arrière pour qu’il puisse voir son visage ; le Lavasin bredouille des excuses et pose un genou au sol, s’écartant rapidement du chemin de l’Heryn et de ses compagnons.

Tandis qu’ils s’enfoncent dans la forêt, le cri d’un faucon résonne dans la nuit silencieuse, Mahelys lève les yeux et reconnaît Vella… hésitant à l’appeler, elle ralentit l’allure
« Mahe ? Dis-moi que tu as changé d’avis »

La druidesse baisse les yeux sur Griffu. Celui-ci semble lui poser la même question qu’Étoilée.. Mahelys ferme les yeux, revoit la flamme et les grains de terre, s’imagine voler comme le vent.. et remet son capuchon
« Il nous reste de nombreuses heures de marche. Economise ton souffle, Étoilée … »

Il est très tard cette nuit là quand Galadrinn reprend le chemin du campement. Sur le dos du griffon qui la ramène vers Orneval, elle se demande encore pourquoi Kathryl est parti si subitement, ne voulant rien lui dire de sa destination, alors qu'ils se préparaient tous deux à passer une agréable nuit, dans ce cadre si fabuleux de Maraudon qu'elle ne connaissait pas.

Ne voulant pas rester bêtement là-bas seule, elle a décidé de rentrer dormir dans sa hutte, le chasseur saurait où la trouver.

La nuit tombe enfin sur le camp, et la guerrière apprécie cette fraicheur nocturne.
Assise devant un maigre repas, elle essaie de comprendre la situation.

Quand elle s'est réveillée au matin, Eldwinn lui "est tombé dessus" en lui donnant une montagne de travaux à effectuer. Il a dit aussi que si Kathryl, Kharess ou sa soeur approchaient du camp il fallait les abattre.

Galadrinn est restée complètement abasourdie par cette annonce quelques minutes puis elle a essayé de poser des questions, de comprendre.
Idhren a dit alors que Kathryl l'avait aggressé. Galadrinn n'en croyait pas ses oreilles.

Depuis, la guerrière est consignée au camp et Idhren trouve toujours quelque chose à lui faire faire.
Tout d'abord, elle a eut cette montagne de bois à fendre pour le feu. Cela lui a pris la journée entière et ses mains écorchées, ses bras lourds et douloureux se souviendront de cette journée.

Elle doit aussi construire une hutte de pierre, cela va lui prendre un temps fou de trouver la roche nécessaire. Elle doit aller miner dans les environs la nuit, pour ne pas faire de bruit au camp. Idhren a dit qu'il contrôlerait la quantité de roche et de minerai récolté tous les matins.

Il ne lui laisse que très peu de repos, quelques dizaines de minutes pour les repas et il semble que la nuit sera très courte elle aussi vu tous les matériaux qu'elle doit trouver.

Pourquoi elle endure tout çà elle se le demande, enfin non , elle pense le savoir : Idhren se venge de Kathryl sur elle, cela semble évident.
Elle aimerait tant que quelqu'un lui dise ce qui c'est vraiment passé, savoir où est Kathryl aussi.

Elle se surprend à scruter le ciel parfois, espérant y voir Vella mais aussitôt elle chasse cette idée de son esprit car cela risquerait de mettre l'oiseau et son propriétaire en danger.

Elle va tenir le coup, Idhren finira bien par se calmer et tout rentrera dans l'ordre .... cela ne peut pas durer éternellement ainsi.

Galadrinn s'est rapprocher du centre du camp quand les rumeurs du retour de Cen se sont fait entendre.

C'est là qu'elle a rencontré Shandara !

Alors qu'elle cogne rageusement sur la roche pour tenter de calmer ses nerfs, Galadrinn ne cesse d'entendre en boucle les paroles de Shandara.

- Kathryl est tellement faible ...
- Si çà continue comme çà jamais je n'aurai ma revanche ...
- Si je ne l'ai pas tué c'est parce qu'il était incapable de marcher seul ...
- Ben il est vieux tu devrais t'y attendre ...

Galadrinn a bien failli leur coller son poing dans la figure, mais elle s'est retenu et a couru droit devant elle en hurlant :

TU MENTS !

Elle était déjà loin du camp quand elle a arrêté de courir. Elle a repris son souffle, ses esprits tant bien que mal et est retourné au camp en marchant d'un pas lourd, soucieuse des conséquences que pourrais avoir sa fuite.
Ne voulant surtout pas que Kathryl soit accusé de l'avoir fait évader.

Galadrinn est épuisée, inquiète et tellement en colère .....

Un hurlement de douleur déchire le silence de la nuit et la guerrière se lève d’un bond.
Elle constate avec effroi qu’elle est emmurée dans la hutte de pierre qu’elle a construit, seule une petite meurtrière laisse passé la lumière d’un feu.

Galadrinn se précipite dessus afin de voir ce qui se passe. Elle ouvre de grands yeux horrifiés. Kathryl est là au milieu du camp, ligoté à un poteau sorti d’on ne sait où, une flèche plantée dans l’épaule.

- KATHRYYYYLLLLLL !

Le chasseur relève la tête et tourne son visage dans sa direction. Dans ses yeux or se mêlent la douleur de la blessure, la tristesse de la situation et la joie de la voir enfin. Il tente de lui sourire mais déjà une seconde flèche vient se ficher dans son abdomen.

- NONNNNN, arrêtez ! hurle la guerrière en cherchant qui le vise ainsi.

Elle voit Shandara qui encoche déjà une autre flèche, à côté d’elle Eldwinn est souriant. Il tourne son regarde blanc vers la hutte de pierre.

- tu m’as désobéit Galadrinn, tu vois ce qui arrive par ta faute ?
- Non, Idhren, je n’ai pas désobéit, j’ai dit à Hiril que je pouvais pas. S’il vous plait laissé le partir, prenez moi à sa place ! Idhren, je vous en supplie.

Eldwinn éclate de rire, un rire lourd et démoniaque. Puis il abaisse la main et Shandara encoche une dernière flèche qui vient se loger dans le cœur du chasseur.

Alors que Galadrinn hurle de chagrin et de rage, le chasseur la regarde en souriant presque et murmure :

- çà va mon amour, je ne sens rien …

Puis sa tête tombe lourdement sur sa poitrine. Il est mort.

- NONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN !!

Galadrinn se réveille en hurlant, trempé de sueur et tremblant de tout son corps.
Un cauchemar, rien de plus.

La guerrière se lève, regarde le ciel et juge qu’elle n’a du dormir que deux heures à peine.
Elle se dirige vers le lac et se laisse glisser dedans. Son corps se trouve un moment saisie par la froideur de l’eau.
Tout en nageant, elle se remémore les mots d’Hiril.

- tu dois te reposer
- si Idhren refuse dit lui que cette hutte de pierre sera sa tombe …..

La guerrière secoue la tête, jamais elle ne dira une chose pareille à Idhren, se serait pure folie.
Tout comme allez voir Kathryl en cachette ! jamais elle ne prendra se risque même si son âme, son corps le réclame plus que jamais.
Idhren est aveugle mais son odorat est extrêmement développé et jamais elle ne prendra le risque qu’il sente sur elle l’odeur de Kathryl ! cela le mettrait en danger, tout comme elle l’a vu dans son cauchemar.

Elle va tenir tant bien que mal et espérer qu’Idhren s’adoucisse.

Mahelys entend un hurlement , la voix de Galadrinn qui déchire la nuit depuis son cauchemar. Alarmée, elle lève la tête, puis la repose sur ses pattes, les yeux grands ouverts…

Comme elle aimerait aller consoler cette jeune femme, aller planter des graines d’espoir et lui dire que Kathryl ne l’oublie pas, pense fort à elle, ne pense qu’à la revoir et veut la protéger, les protéger toutes les deux…

En attendant de trouver une solution, elle passe le plus clair de son temps aux abords du camp pour garder un œil sur Galadrinn et surtout sur l’Idhren. Elle œuvre pour le clan, mais à des tâches beaucoup moins rudes que les travaux de minage et de maçonnerie qu’Idhren a ordonnés à Galadrinn. Que réserve-t-il encore ? Comme elle aimerait aider la Laerin… mais ça risquerait de provoquer d’autres excès de rage de la part de l’Idhren, et d’empirer la situation de Galadrinn.


Elle voudrait parler à Merende… mais celle-ci semble si lointaine ! Elle le comprend et désespère de pouvoir trouver une solution, seule. Hiril semble en colère et inaccessible elle aussi : elle voudrait voir des choses changer, mais si elle n'est pas présente aux côtés des Daendils, personne ne peut se permettre de répliquer. Et Idhren, perdrait-il la raison ? Cette histoire est déjà difficile, et voilà que Shandara se mêle de choses qui ne la regardent pas, ou de si loin. C’est une vraie cacophonie, alors que tout aurait pu être simple ….

Mahelys ferme les yeux, serrant fort les paupières, sortant et contractant ses griffes sur les draps. Une impasse…! Il lui est insupportable que la personne la plus innocente qu’elle connaisse souffre sans le mériter.

Le chasseur ouvrit brusquement les yeux.

- Galadrinn ? Demanda t'il tout haut

Quelque chose l'avais tiré de son sommeil sans rêve et son coeur se serra dans sa poitrine en imaginant le pire concernant la Guerrière.

En soupirant il déploya son empathie cherchant un oiseau en mesure de survoler le camp et qui accepte de partager sa vision.
Effleurant diverses race d'oiseaux, il tacha de ne pas réveiller ceux-ci, le nombre le stupéfia, il n'avait jamais fait attention a la masse de volatile nichés dans les arbres.

Un hiboux refusa tout net sa demande posé par l'intermédiaire d'images et d'humeur animale.
La chouette d'un arbre voisin accepta en lui répondant par un sentiment de curiosité mêlé à de l'excitation.

Une fois le lien crée, la strigide pris son envol, le chasseur manqua d'avoir un haut le coeur, il n'avait décidément pas l'habitude de la vision des Rapaces.

Un premier survol, il ne vit rien, le calme plat sur le camp qui dort.
Un mouvement ? Trop tard la chouette venait de se poser sur une branche d'un arbre.

Il redemanda patiemment un survol a la chouette, toujours amusée elle repris la voie des airs.
Nouvelle nausée, Kathryl n'avait heureusement rien dans le ventre, un peu de bile lui remonta le long de la gorge.
Il tacha de se concentrer sur la vision de la chouette en déglutissant péniblement.

Le lac, un mouvement encore, Galadrinn !
L'excitation lui fit rompre le lien avec l'animal par erreur.

Quand il réaffirma sa connexion animale il fut surpris de si bien voir la guerrière, la chouette s'était posée sur l'arbre le plus proche.

Il se surprit à contempler sa compagne des pieds à la tête, avec une envie dévorante, ce qui lui fit piquer un fard.
Elle avait l'air de bien aller physiquement, aucune trace de punition corporelle.
En revanche elle avait l'air fatiguée et triste.
Inconsciemment il voulut l'appeler, l'empathie aidant, la chouette réagit pour lui et poussa un hululement en déployant ses ailes blanches.

Étonné que la chouette ai réagit, il se demanda inconsciemment quel animal pouvait donner autant si ce n'était pas celui-ci d'un autre chasseur ?

"Des ailes blanches ... Varja ?!" Pensa t'il

Il transmit par l'empathie une image de Mahelys et Etoilée, l'animal fut enchanté, déploya à nouveau ses ailes et pris son envol dans un hululement.
Le décollage brusque de la strigide eu raison du chasseur qui rompit le lien pour ne pas vomir de la bile.

Le prix à payer pour voir Galadrinn quelque minutes était finalement supportable.

Chysië s'essuie les mains qu'elle vient de tremper dans la rivière et les agite pour les faire sécher... ou peut être pour mieux y faire circuler le sang. Elle regarde, sceptique, la hutte qu'Eldwinn a ordonné à Galadrinn de construire.

A quoi va bien pouvoir servir cette chose ? Peu importe, on y trouvera bien une utilité - peut être bien la tombe d'Eldwinn s'il continue à l'échauffer de cette manière... Pour le moment, il sert au moins à évacuer la colère de l'ancienne matriarche. Elle vient de passer quelques heures à avancer le travail en suivant le peu d'indications que les lieux lui suggèrent. A défaut de la terminer, elle aura au moins... au moins quoi ? rendu Eldwinn encore plus furieux et méprisant. Chysië esquisse un sourire amusé, celui d'une petite fille qui vient de faire une bêtises pour faire enrager ses parents. "J'ai été trop sage..." murmure-t-elle à elle-même, "ou trop bien dressée..."

Elle regarde la hutte encore un instant, penche la tête de côté : "de la pierre..."

Elle donne un léger coup de pied à l'ouvrage. "c'est pour les nains, ça... Eldwinn a vraiment perdu la tête"

Elle s'étire, bâille, sort ses griffes et s'éloigne tranquillement vers la lisière du camp. Elle grimpe alors à un arbre, s'installe sur une large branche qui lui permet de tout observer et disparait en ronronnant.

Quand la guerrière se réveille, elle est étonnée de ce voir près du feu de camp, une couverture posée sur elle.

Elle se lève, un peu vite peut être, et un mal de crâne monumental la taraude.

Elle cherche quelques seconde d'où cela peut venir, puis elle se souvient. Hiril qui voulait qu'elle se repose ... Eärramé qui avait reçu l'ordre de l'assommer mais qui avait préféré lui offrir à boire ... la bouteille dans sa main ... la chaleur de l'alcool descendant dans sa gorge ... le manque d'appétit ... la fatigue ... et la chute en avant, son visage heurtant le sol.

Galadrinn finit par se lever, elle va au lac pour se rafraichir et constate à la surface de l'eau qui lui sert de miroir qu'elle a un bel hématome à la pommette gauche.

- Merde !

Elle se débarbouille rapidement puis voyant que le soleil est haut se dirige vers la hutte de pierre pour se remettre au travail.

- Ah ben merde ! elle est fini ... qu'est-ce que j'vais faire moi ?

La guerrière cherche Idhren du regard, ne le trouve pas.
Le somme forcé qu'elle a fait ne l'a pas vraiment reposé et maintenant désœuvrée elle ne sait comment réagir.

Ses forces l'abandonnent de plus en plus mais elle ne peut rester ainsi à rien faire. Elle scrute le ciel ... rien, pas le moindre signe que peut être elle n'est pas seule, pas le moindre oiseau en vue. Elle serre machinalement dans sa main une longue plume rose et violette, puis la range dans son plastron, à la place qui est sienne depuis quelques jours.

Elle jette un oeil au feu, constate que le bois va manquer et décide d'aller en rechercher ... çà l'occupera en attendant Idhren.

"Comment !!!"

Mahelys n'a pas pu retenir un cri devant ce qu'Etoilée vient de lui raconter. Elle fait les cent pas devant Etoilée, qui se tient agenouillée devant elle dans une totale incompréhension.

"Mahe ! Tu voyais bien que ça pouvait pas continuer comme ça, Gala était crevée avec tout ce boulot que l'Idhren lui donnait !

- Bien-sûr ! Mais s'il le voit, s'il voit qu'elle n'a pas fait seule le travail, il risque de la punir encore plus violemment, c'est presque sûr ! Tu comprends ?

- Nan ! J'te jure, on aurait dit qu'elle avait traversé tout Kalimdor à pieds tellement elle en pouvait plus. Elle est tombée raide ! En plus Hiril avait dit qu'on pouvait l'aider.

- Hiril est généreuse ... elle comprend la douleur de chacun, mais prions les esprits pour qu'elle soit là pour défendre Galadrinn et pour vous défendre Earramë et toi lorsque l'Idhren verra que vous l'avez aidée !

- Ouais... on voulait juste la soulager tu sais ! Elle y est pour rien de c'que j'sais ! D'ailleurs c'est pas mon habitude d'me mêler de ce genre de trucs, mais là y fallait !"


L'Heryn arrête ses allées et venues, et remue la tête pour dire à sa sœur qu'elle peut partir. Etoilée se lève en mettant son carquois sur son dos, mais au lieu de partir, s'approche

"T'as l'air patraque.. Pas comme notre Gala, mais autrement. Fais gaffe à toi aussi, on peut pas v'nir t'aider là-dedans !"

La chasseresse désigne la tête de Mahelys de la main, dépose une bise sur son front et disparaît sans laisser de trace

Assise au bord du lac, Galadrinn regarde son pâle reflet à la surface de l'eau. Elle ne voit pas la forte et fière guerrière qu'elle était il ya encore quelques semaines. Elle ne voit qu'une jeune elfe épuisée et triste.
En regardant plus intensément, il lui semble même voir sa vie de détacher d'elle comme des volutes de fumées.

Elle ne sait pas combien de temps elle va tenir encore. Elle a perdu le sommeil, perdu l'appétit et ses forces l'abandonnent un peu plus chaque jours.

Elle qui aurait tant aimé mourir au combat, l'arme à la main ...

Elle ne comprend toujours pas vraiment pourquoi Idhren la fait travailler ainsi, la retient au camp. Kathryl l'a aggressé oui mais cela ne semble pas être une raison suffisante, il doit y avoir autre chose mais elle ne sait pas quoi.

Elle murmure dans un soupir :

- Kathryl !

Elle aimerai pouvoir lui parler, se blottir dans ses bras, sentir ses mains sur son corps, faire l'amour aussi ... une dernière fois, à sa façon à lui, très tendrement pour graver chaque caresses, chaque baisers à jamais dans son coeur.

Elle ferme les yeux et sourit en repensant à la tête qu'il a fait la première fois qu'elle l'a embrassé. Il ne s'y attendait pas et elle avait fait çà un peu par provocation et pourtant ... que de chemin parcouru avec lui depuis , des premiers baisers presque timides aux nuits brulantes et passionnées ...

- je vais demander à Idhren la permission d'aller dire adieu à Kathryl, je n'ai plus rien à perdre de toute façon ... oui, je vais demander à Idhren ou alors ...

Elle ne termine pas son monologue, se demandant s'il ne serait pas préférable de se sauver, juste pour une nuit et revenir le lendemain tout avouer ...

Elle ferme les yeux, faisant un gros effort pour monter ses mains à hauteur de son visage afin de cacher son désespoir.

Elle n'arrive même pas à en vouloir à Idhren, il doit avoir ses raisons et elle sait qu'elle n'est rien pour le clan, juste une arme.

Elle n'est pas en colère non plus en pensant que peut être Kathryl se console dans d'autres bras. Elle se dit qu'elle doit être heureuse cette autre femme qui le désirait tant, elle l'a surement maintenant. On les voit souvent ensemble il parait ...

Une profonde amertume s'empare du coeur de la guerrière en pensant qu'ils ont attendu d'être sur qu'elle était bien mise à l'écart ...

Son regard se porte à nouveau à la surface de l'eau et ce qu'elle y voit lui déplait. Elle donne un coup qui brouille cette image avant de se relever et de repartir travailler, silencieuse et solitaire.

« Voilà Nagrand, Myrah ! N'est-ce pas une région magnifique ? »

Du haut de leur monture, Kathryl, Myrah et Mahelys admirent le paysage. Ils se tiennent au sommet d'un rocher surplombant la vallée. Le soleil commence à décliner, et la plaine est baignée d'une lumière jaune et verte qui les réchauffe tous les trois.

Myrah ouvre de grands yeux ébahis, elle semble happée par tant de beauté et de vie.. Si peu de temps après avoir traversé la laideur morbide de la Péninsule !

Mahelys se penche en arrière et voit Kathryl faire de même. Il lui adresse alors un sourire complice.. elle lui répond par un sourire distant et détourne le regard.

Entre eux deux se noue un dialogue muet.

« - De toutes ces semaines, nous nous sommes à peine croisés…
- Rien n'a changé, et tout en même temps
- Nous sommes figés dans l'attente du retour de Galadrinn, nous avons besoin d'elle
- Le sait-elle ? Il est plus que temps qu’Idhren la libère …. »

Myrah se transforme en félin et dévale la pente menant à la vallée ; ils la suivent tant bien que mal entre les herbes hautes, leur échange silencieux se poursuivant dans leurs pensées.

Galadrinn quitte à regret la caverne dans laquelle Kathryl l’a emmené cette nuit. Elle est presque dehors, elle voit que le soleil est bien haut déjà et se dit qu’elle doit se dépêcher de rentrer au camp. Mais elle ne peut résister à l’envie de refaire quelques mètres en arrière, doucement, sans bruit, pour poser encore une fois son regard sur lui, s’assurer que cette nuit était bien réelle. Elle avance le plus discrètement possible, se poste derrière un gros bloc de pierre et le regarde. Il est en train de se rhabiller, elle admire ses courbes, chaque mouvement de ses muscles alors qu’il enfile pièce par pièce son armure. Soudain, il relève la tête et sourit … il a sans nul doute senti sa présence. Alors, comme une enfant prie en faute, Galadrinn quitte la caverne en courant, le sourire aux lèvres.

Elle était au camp hier soir quand Myrah et Etoilée sont arrivés.
Myrah a voulu la faire manger mais devant son refus, elle a menacé la guerrière de ne plus se nourrir tant qu’elle ne la verrait pas manger. Alors, à contre cœur, Galadrinn s’est forcé à avaler un morceau de poisson grillé en les écoutant parlant.

Myrah parlait de Kathryl, de son angoisse, de son inquiétude pour la guerrière. Du fait qu’il commettrait sûrement une bêtise si il lui arrivait quelque chose. Du fait qu’il ne quittait guère Darnassus ces derniers temps.
Là, l’envie déjà très forte de le voir, de lui parler, de l’embrasser s’est à nouveau emparé d’elle et sans réfléchir Galadrinn a quitté le camp, courant comme elle le pouvait en disant à Myrah et Etoilée de dire qu’elles ne l’avaient pas vu, pour pas qu’elles n’aient d’ennui.

Il a fallu marchander avec le maître griffonnier qui lui refusait le voyage. Elle a accepter de payer 10 pièces d’or pour ce voyage qui ne coûte que quelques piécettes normalement.

Arrivé à Darnassus, Kathryl était là, près de l’entrée. Il y avait du monde, beaucoup trop de monde, mais c’est à peine si la guerrière les voyait. L’épuisement et la joie de le revoir étaient tel que rien d’autre de comptait.
Le chasseur l’a soutenu et l’a emmené dans la grotte qui a caché leur amour toute la nuit. Il l’a portée même alors que ses jambes se dérobaient.

Il a allumé un feu et ils sont restés dans les bras l’un de l’autre quelques minutes dans un profond silence.

Il a rit quand elle lui a dit dans un bâillement qu’elle avait envie de lui, là maintenant. Il lui a demandé s’il devait croire le bâillement ou sa phrase et elle a répondu qu’il fallait croire les deux.

Les jambes de la guerrière ont fléchi encore, alors Kathryl l’a attrapé, soulevé et déposé tendrement sur le sol.

- Dort mon amour !

Mais Galadrinn ne voulait pas dormir, elle voulait profiter de lui, de sa présence, de sa tendresse.
Ils ont donc convenu d’un moment de tendresse pour le lentement matin, quand elle se serait reposée.
Elle s’est blottie contre lui, percevant chaque battement de son cœur , se calant sur son souffle, écoutant ses paroles sans vraiment les comprendre. Pour la première fois depuis près de deux semaines, elle s’endormait sereinement.

Quand elle s’est réveillée le lendemain matin, un simple baiser à suffit à éveiller le chasseur, elle se demande même si en fait, il dormait vraiment …
Elle s’est abandonnée dans ses bras, savourant toute la tendresse du moment, le laissant lui donner tout le plaisir dont il était capable. Subissant avec délices ses caresses, ses baisers, son étreinte douce et passionnée.

C’est en souriant qu’ensuite, elle s’est levée et s’est habillé apercevant le regard or de son compagnon sans cesse posé sur elle. Une fois habillée, elle s’est mise à genoux devant lui et l’a embrassé très tendrement avant de filer, ne lui laissant pas le temps de dire ou faire quelque chose de plus.
Cette séparation était suffisamment douloureuse autant que cela aille vite.

Arrivée à Orneval, la guerrière décide de rentrer par le lac, il fallait absolument qu’elle enlève l’odeur de Kathryl de sur son corps. Si Idhren n’avait pas remarqué son absence, il n’était pas nécessaire de l’alerté, et puis elle voulait éviter au maximum les ennuis, pour elle, pour lui mais aussi pour les autres qui l’ont vu quitter le camp.

Alors qu’elle traverse le lac en souriant, elle se dit que peut être elle ne reverra pas son chasseur avant un long moment, mais que cette escapade en valait le coup. Toutes les punitions du monde ne la ferait pas regretter une seconde ces heures dérobées passées avec lui. Si Idhren l’apprend et la punie tampis, elle est prête à l’accepter.