Retrouver les notres

Merende

L'un des touts premiers ordres que lui avait donnés Hiril était le pire pour Mahelys : ramener Merende au campement. Yijael avait avoué du bout des lèvres qu'elle s'était installée sur la plage du bout du monde avec sa fille, et Cënëdril ...

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Quelques jours après l’ordre d’Hiril, plusieurs Daendil chevauchent sous le soleil de plomb de Tanaris. Après avoir sillonné la cote jusqu’à la plage du bout du monde, la silhouette d’un géant se découpe sur le sommet d’une dune. Voyant le groupe des Daendil approcher, Cënëdril disparait derrière la dune et revient bientôt avec une jeune elfe étonnée, Merende.

Il n’y a pas besoin de beaucoup discuter. Quand Merende finit par comprendre qu’Yijael vit sous le joug de Cylithera au campement Daendil, elle accepte délibérément de rentrer avec le groupe. Son regard est résigné.




« Rentrons chez nous… il le faut »

Pendant que les elfes mettent le pied à l’étrier, Mahelys observe Merende. Depuis combien de temps ne l’a-t-elle pas vue ? Son visage est plus fuselé, différent. Des larmes roulent encore sur ses joues. Une vue insupportable pour elle. Merende serre son enfant dans ses bras ; Aerlinn est une petite elfe éveillée, qui respire la santé, avec de grands yeux vifs et de petites mains qui s’agitent en tous sens. Et Cënëdril… Lui n’a pas changé depuis la dernière fois. D’ailleurs, pourquoi aurait-il changé… En s’asseyant sur sa selle, Mahelys serre plus fort les rênes de son tigre dans ses mains.

Et alors que tous entament le demi-tour pour rentrer, elle voit Merende descendre de sa monture, le visage s’animant d’un coup, et tendre sa fille à Cënëdril

« Pars, emmène-la à qui tu sais… »

Avant que les eithelins n’aient le temps de réagir, Merende lève les mains vers le ciel, remuant les lèvres. La lumière ambiante change en une fraction de seconde, la brise légère qui balayait la plage se transforme en bourrasques de plus en plus fortes. L’immense ciel bleu devient gris, des nuages se forment et occultent peu à peu le soleil …. Sans avoir le temps de réfléchir, Mahelys fait signe de ramener Merende au campement, et disparait avec Myrah dans l’orage, à la poursuite du tigre de Cënëdril.



Une fois partie, Mahelys se perd dans les nuages lourds, opaques. Sur une distance qu’elle n’arrive pas à évaluer, elle avance sans vraiment savoir si Cënëdril est toujours devant, et tandis que la tempête s’estompe peu à peu, le sort de Merende prenant fin, et que les nuages se dissipent, elle est dans le désert de Tanaris, seule. Myrah a du partir dans l'autre sens. Devant elle, il y a des dunes, le sable, le soleil qui disparait peu à peu sur la ligne d'horizon.


Elle descend de son tigre et continue d’avancer vers Gadgetzan en tenant les rênes.

La piste de son frère et d’Aerlinn est perdue. Tout espoir de les retrouver disparait quand un gobelin lui affirme avoir loué un hippogriffe à un très grand guerrier tenant dans ses bras une petite elfe.


Elle se met alors en chemin, prenant la direction du campement. En montant sur son tigre, elle se fige : sa poitrine est douloureuse. Elle pose son regard sur quelque chose, dans le vide.

« Tu es près de moi, tu ne me laisses pas après tout ça »


Brusquement, elle éclate de rire, un rire grave, anxieux, celui des moments de doute et de peur. C’est comme si tout n’était qu’un rêve. Ignorant les regards surpris des gobelins autour d’elle et dans un dernier hoquet de rires-pleurs, Mahelys se remet en selle et donne un petit coup de talon sur le flanc de son tigre, partagée entre la crainte de la réaction d’Hiril, et quelque part, le soulagement pour Aerlinn.

Cela faisait des semaines que Merende vivait là, sur cette plage du bout du monde avec Aerlinn, Cënëdril et Yijael. Puis des rumeurs sont parvenues comme quoi des recherches étaient lancées pour retrouver Cylithera dont on avait eu confirmation qu’elle était en vie.
C’est à ce moment-là, qu’Yijael s’est éloigné un peu, préférant ne pas attirer l’attention sur eux. Il revenait de temps à autre, bien trop rarement au goût de Merende mais elle savait que c’était un mal nécessaire et qu’il fallait être prudent.
Cette vie simple et calme, il fallait la préserver au maximum.

Ce soir là, alors que Cënëdril surveillait les environs comme souvent, le court paisible de cette vie allait être chamboulé par la venu d’un petit groupe bien connu.
Mahelys, Myrah, Kaeril, Etoilée et une elfe inconnue se sont approché de leur petit campement.
Ils se sont assis et l’elfe inconnue, Laÿne, a dit qu’ils venaient pour la ramener au camp, qu’Hiril la demandait.

Après de multiples intérogations et inquiétudes, Merende a appris que Yijael était au camp et qu’il avait « fait son devoir » comme a dit Laÿne.
Cylithera, Hiril veut qu’elle rentre au camp et avec Yijael là-bas, le lien reformé, elle n’a pas le choix.

Merende a préparé ses affaires et a pris la petite dans ses bras, résignée mais au moment de les suivre, son esprit c’est affolé.
Non, Cylithera n’aura pas Aerlinn, le clan ne fera pas d’elle une esclave …. Mieux vaut qu’elle soit loin mais heureuse que sous ses yeux mais triste.
Mais à qui la confier, il faut trouver, vite.
Un visage s’impose à son esprit, elle avait déjà évoqué avec Cënëdril cette personne pour « au cas ou ».

Sans réfléchir d’avantage, Merende donne la petite à Cen et lui crie de l’emmener :
Emmène la à qui tu sais , vite !

Et aussitôt, elle incante un terrible ouragan pour empêcher les autres de le suivre.

Une fois, Aerlinn et son protecteur hors de vue, Merende sourit et monte en selle, prête à rentrer au camp docilement, affirmant qu’elle prendrait la responsabilité de cet acte.

Le trajet de retour vers Astranaar c’est passé dans un silence pesant, mis l’esprit de Merende était soulagée de savoir sa fille loin de tout çà.
Quand ils arrivent au camp, il y a peu de monde encore debout, et Cylithera est absente. Après une brève discussion avec Myrah et Kaeril sur sa vision du camp comme une prison et la difficulté de tenir un rang, Merende s’est mise à la recherche d’Yijael dans le camp, désireuse de le voir encore un fois, seule à seule, craignant que cela ne soit la dernière.

Elle n’a pas mis longtemps à le trouver et comme chaque fois qu’elle était près de lui elle sentait son cœur battre à tout rompre.
Lentement, elle s’est glissé dans la hutte et est venu se blottir contre lui.

- je n’ai pas eu le choix que de revenir, je ne pouvais pas te laisser seul ici.
- T’es qu’une truffe ! j’aurai bien trouvé un moyen d’me barrer ! bien que j’sais pas encore comment, j’l’a sens dans ma tête presque en permanence.

Sur ces mots il l’a serré dans ses bras.

- En tout cas, elle n’aura pas Aerlinn, j’ai dit à Cen de l’emmener …en sureté.
- Ouais mais tu l’as plus non plus
- Je préfère la savoir loin et heureuse qu’ici mais prisonnière comme nous …
- T’aurais mieux fait d’te casser sans qu’je sache où t’es. D’toutes façons j’vais leur foutre un tel bordel qu’elle me jettra elle-même.
- Oui mais çà peut être long, je préfère être près de toi … pour après, on verra.
- Ouais ben en tout cas m’dit pas où elle est ! fie toi à Cen au moins lui tu peux en être sure et pour l’instant autant faire profile bas. Mais t’es quand même une truffe ta place est plus près d’elle que près d’moi !

Ils se sont endormis peu après dans les bras l’un de l’autre, jusqu’à ce que Hiril rentre de Reflèt de Lune et la fasse venir dans sa hutte pour « bavarder ».

Merende a docilement suivi le Rhiwin venu la chercher et a pu voir Cënëdril qui montait la garde devant sa hutte, comme par le passé. Cette vision a instantanément remis un sourire sur le visage de la druidesse, la petite est en sûreté, reste maintenant à ne rien dire.

La « discussion » avec Hiril a été houleuse et bruyante, Merende est sorti de la hutte avec la certitude qu’Hiril va tout faire pour savoir où se trouve Aerlinn.

Texte de Kharess

Elle marche d'un pas tranquille dans Stormwind, suçotant une fois de plus un bonbon qu'elle vient de chiper sous le nez de l'aubergiste. "Une bonne aubaine cette fête avec toutes les sucreries..." Elle n'a pas le temps de penser plus loin à haute voix, qu'une immense ombre verte se dresse devant elle. Elle se fige et ouvre grands les yeux.

- Cën ? Mais qu'est ce que tu fais là ?

Le géant regarde la voleuse devant lui et il paraît même la reconnaître. Elle, elle regarde bouche bée Aerlinn, que Cënëdril garde précieusement contre lui.

- Kathryl ?
- Quoi ? Tu veux voir Kathryl ?

Le géant acquiesce et devant son regard déterminé, elle ne peut que lui dire "Suis moi", intriguée. Ils se dirigent vers le port et Kharess réalise une chose.

- Tu as de quoi la couvrir ? Là où on va, il va faire très froid !

Sans répondre Cënëdril se contente d'envelopper la petite dans son manteau, la manipulant comme si elle était un objet plus que précieux. Kharess reste perplexe, se posant plein de questions, sans oser les formuler.

Arrivés au Berceau, le vent souffle en rafale, et la petite figure ronde d'Aerlinn pâlit légèrement. Machinalement, Kharess sort un pot de baume pour protéger sa peau et demande à Cën si elle peut en mettre à la petite. Celui-ci serre encore plus farouchement l'enfant contre lui en faisant "non" de la tête et Khar se résigne à remballer ses bonnes intentions.

La chevauchée se fait en silence, Khar penchée sur Samsha lui murmure des encouragements à l'oreille. Le tigre déteste la neige et elle doit lui promettre monts et merveilles pour qu'il accepte d'avancer à vive allure. Elle jette de temps en temps des coups d'œil furtifs à Cën à ses côtés, prenant mentalement note de dire à sa sœur qu'il va bien.

Une légère odeur de fumée l'alerte, Kathryl n'est pas loin. En effet, la grotte se dévoile brusquement derrière un repli du terrain.

- Kat ?

Le chasseur s'avance, étonnée de voir Kharess dehors par un temps pareil. Mais ses yeux s'agrandissent encore plus quand il voit qui l'accompagne.

- Tu es bien la dernière personne que j'aurais imaginé voir ici !

Ses yeux se posent ensuite sur Aerlinn qui s'agite contre la poitrine de Cënëdril.

- Et merde...
- Tu garder elle !

Sans cérémonie, Cën fourre Aerlinn dans les bras de Kathryl qui en reste muet de saisissement un court instant. Elle ne peut s'empêcher de sourire devant la tête du chasseur mais lui ne prend pas la situation de cette façon.
- Heu... Si tu ne m'explique pas pourquoi, je la ramène au Camp, elle n'a rien à faire ici. Et où est sa mère d'abord ?
- Tu garder elle ou je fâche !

Cette fois ci le géant s'est exprimé en Daendil, que Kathryl ne comprend pas du tout. Mais le ton est sans équivoque, et les yeux de Cënëdril expressifs. Sans attendre de réponse, Cënëdril fait demi tour et repars vers Long-Guet, laissant un Kathryl ébahi et une Kharess fort joyeuse devant la tête du chasseur.

- Il a dit quoi là ?
- Hmm si j'ai bien compris, il t'en colle une si il arrive du mal à la p'tite. En gros, faut pas que tu l'amène au Camp.
- J'avais cru comprend oui... Mais je ne peux pas la garder ici ! C'est pas un endroit pour une gamine de son âge !

Kharess fouille à nouveau dans son sac et se met à tartiner la peau de la petite avec le baume odorant. Aerlinn la fixe de ses grands yeux verts, et la voleuse ne peut s'empêcher de lui sourire et de lui faire des grimaces pour l'amuser. Elle est très vite récompensée par un rire cristallin qui jaillit de la bouche de l'enfant qui lui tend les bras. Kathryl soupire :

- T'es vraiment qu'une gamine quand tu t'y mets. Qu'est ce qu'on va faire d'elle ?
- Hmm, qu'est ce que toi tu vas faire d'elle ? Moi ch'suis pas concernée par cette histoire hein.
- Parce que tu crois que je peux m'en occuper ? Il faut que je découvre pourquoi on me la confié à moi, et pas au Clan.
- Bah, ça doit avoir un lien avec le vieux et l'autre là... Cylithera.
- Hm mm

Le chasseur soupire tandis que la voleuse déballe un bonbon qu'elle tend à l'enfant. Aerlinn prend la sucrerie et l'examine un moment avant de la mettre dans sa bouche. Son attention est très vite attirée par la meute de félins qui se pressent aux pieds de Kharess, ronronnant à qui mieux mieux, cherchant les gratouilles et les caresses. La voleuse s'en rend compte, et prend Aerlinn des bras de Kathryl, avant de s'agenouiller spontanément au centre de la meute. D'une voix douce elle rassure l'enfant :

- Regarde, ils sont gentils, ils ne te feront pas de mal. Hey les copains, je vous présente Aerlinn !

Elle tend une main aux félins qui viennent la renifler pour s'imprégner de l'odeur de la petite elfe. Celle-ci ne semble pas rassurée et se blottit contre la voleuse, tout en jetant des coups d'œil curieux aux énormes bêtes qui semblent lui sourire en l'observant. Kharess, assise sur ses talons, reste tranquillement au milieu des bêtes, caressant une grosse tête, en frottant une autres, gratouillant des oreilles et la peur d'Aerlinn s'envole peu à peu.

- Et si on la confiait à ta sœur ?
- Hein ? Ma frangine ? Pourquoi elle ? J'te rappelle qu'elle est sur le point d'accoucher là !
- Justement. On la met à l'abri dans un coin, on attend qu'elle accouche, et on la fait bouger ensuite. Personne n'ira deviner que la petite n'est pas d'elle. Surtout si le bébé qu'elle attend a les mêmes cheveux que ceux du Clan. Elle n'aura qu'à dire qu'ils sont frères... ou sœurs... qui irait vérifier ?

Kharess hausse les épaules.

- Bah quelque part, ils seront de la même famille hein. Je sais pas comment on dit ? Demi frère ? Demi sœur ? Avec un père en commun... Le Clan ne devra pas l'apprendre alors. On m'a dit que Cylithera risque d'ordonner qu'ils retrouvent les métis du Clan aussi... Elle a besoin de monde pour reconquérir Féralas.
- Raison de plus ! Et franchement, qui penserait à ta sœur ?
- Tu as raison... Sans doute pas grand monde... Surtout maintenant...

Aerlinn pousse un cri de joie et Kharess éclate de rire en voyant ce qui se passe. Humar, le gourmand, est en train de lécher les doigts de la gamine, qui tenaient encore le bonbon quelques instants auparavant. Toute peur envolée, Aerlinn fourre sa main dans la bouche du tigre et lui empoigne la langue, riant toujours. Le félin fait semblant de gronder, redoublant l'hilarité de l'enfant, et quand elle le lâche, il prend un air offusqué et s'écarte, non sans avoir donné un vigoureux dernier coup de langue sur le visage de la petite qui prend un air ravi.

- Bon... J'suppose qu'on prend les tigres avec nous ?
- J'aurais préféré les loups, mais ça dépend où on va cacher ta sœur. Les tigres ont l'air de l'avoir adopté...

Kharess sourit.

- Pour la première cachette...J'ai ma petite idée...

Hiril était plus qu'énervée que la petite de Merende n'est pas encore été retrouvé.
Ses paroles étaient cinglantes et sans appel.

- Mahelys, tu prends les chasseurs et tu me retrouve cette gamine !
Je ne suis entourée que d'incapable ! comment un bébé peut vous échapper !

Sa fureur était croissante, elle ne tolérait pas que ses volontés ne soient pas exhaussées.

Mais soudain, alors qu'Yijael passait dans le camp, Cylithera le regarda avec un étrange sourire, presque inquiétant.

- Oui .... il finira par trouver pour moi !

L'intensité de son regard émeraude augmentait à mesure qu'elle l'observait ...

Texte de Khaline

La première contraction la surprend en pleine nuit alors qu'elle cherche le sommeil, Aerlinn dans ses bras. L'enfant pleure souvent la nuit, et pour la calmer la druidesse la prend contre elle, la cajolant jusqu'à ce que le sommeil l'emporte. Khâline se lève et couche l'enfant, bordant soigneusement les couvertures autour du petit corps dodu. Une seconde contraction la plie en deux. Elle pose ses mains de part et d'autre de son ventre, et respire lentement, le temps que la douleur s'estompe.

- Bon.... Prévenir Kharess et la sage-femme.

Khâline fouille sur une étagère et en retire deux petits parchemins soigneusement pliés. Elle attache le premier à la patte de la petite chouette que sa sœur lui a confié et l'oiseau s'envole en poussant un cri strident, qui perce la nuit claire. Le second parchemin est pour la matrone du village, et elle le confie à l'un des loups de la meute, celui là même qui l'a accompagné quand elle lui a rendu visite quelques jours auparavant.

- Allez, file mon beau !

Elle regarde le loup s'éloigner en trottinant, puis son regard se porte sur le lac qui scintille sous la lune. Son cœur se serre en pensant à Cënëdril et elle chasse d'un revers de main les larmes qui lui montent aux yeux. "Ce n'est pas le moment d'y penser! Concentre toi sur ton corps! Tu lui as promis que tu serais courageuse!" Une autre contraction lui coupe le souffle et elle sent une chaude humidité se répandre le long de ses cuisses.

- Déjà ! Par Elune j'espère que la sage-femme ne tardera pas trop...

La druidesse se débarrasse de ses vêtements et après avoir jeté un coup d'œil à l'enfant qui dort paisiblement, se glisse dans l'eau froide du lac pour se laver. Elle flotte sur le dos quelques instants et sourit en voyant son ventre proéminant agité de soubresauts. Le bébé semble impatient de sortir! Quand elle manque de boire la tasse suite à une nouvelle contraction, elle se décide à sortir de l'eau, se sèche rapidement et passe une ample chemise confortable. Elle s'installe dans le fauteuil à bascule qu'elle a installé devant la petite maison de pierre.

- Tu choisis un drôle de jour pour venir au monde toi... La Sanssaint... Remarque ça sera sans doute très symbolique comme date... outch !

Cette fois ci la contraction a été plus violente, et Khâline a l'impression que quelque chose lui déchire les entrailles. Elle serre les dents le temps que la contraction passe. "Je ne pensais pas que ça ferait aussi mal..." Son esprit s'affole un peu : "Et si le bébé arrivait avant que la sage femme ne soit là ? Et si ça se passe mal ? Par Elune, qu'est ce que je fais là ?"

Les loups se rapprochent d'elle et l'entourent sans faire un bruit. Hurlemort, le loup le plus imposant de la meute, pose sa grosse tête sur sa cuisse et la regarde l'air de dire "Tu vas y arriver!". Khâline plonge sa main dans l'épaisse fourrure et elle sent le calme qui émane de l'énorme bête l'envahir peu à peu. Elle ne peut s'empêcher de crisper le poing quand une nouvelle vague de contractions la traverse, mais, cramponnée au loup, il lui semble que la douleur est plus tolérable, comme si elle était partagée.

Une lueur danse sur le chemin, et la meute lève la tête dans un bel ensemble vers l'arrivante qui s'arrête à quelques pas, indécise.

- Heu... Vous pourriez pas rappeler vos bêtes là ? Sinon je fais demi tour et vous vous débrouillez avec vot' bébé!
- Ils ne vous feront rien madame Touchesoin, vous pouvez avancer sans danger.

Méfiante, la bonne femme effectue un large cercle pour éviter le gros de la meute et se rapprocher de Khâline. Hurlemort jette un coup d'œil à la sage-femme et se décide à bouger paresseusement, s'écartant afin que la matrone puisse s'approcher de la druidesse. Madame Touchesoin examine rapidement l'elfe, tâtant le ventre, enfonçant ses doigts entre les côtes et dit d'un air satisfait :

- Ah ben ça devrait aller vite pour les faire sortir!
- Heu... comment ça "les" faire sortir ?
- Ben v'z'êtes pas au courant ? Yen a deux là dedans !

Khâline se rejette en arrière dans le fauteuil, le souffle coupé à la fois par l'incrédulité et par une contraction assez violente.

- Deux bébés... Mais comment je vais faire ?

La matrone hausse les épaules.

- Bah... comme tout l'monde hein. Pis c'est pas comme si vous en aviez jamais eu avant hein!

Khâline ne répond pas, encore trop abasourdie par la nouvelle. Deux bébés! Et Aerlinn à s'occuper en plus! Pour éviter les questions embarrassantes, lors de leur visite à la sage-femme, Kharess et Khâline ont fait passer la petite pour la fille aînée de la druidesse, et madame Touchesoin a gobé le mensonge sans sourciller. Qui irait se douter, dans ce coin reculé du territoire des nains, que l'enfant aux cheveux verts n'est pas sa fille?

Texte de Kharess

Kharess jette un coup d'œil dans la petite maison, vérifiant une dernière fois que rien ne traîne et n'indique que des elfes aient pu séjourner ici. Satisfaite, elle rejoint sa sœur qui est déjà installée sur son tigre, un bébé calé dans son dos grâce à une immense écharpe de tissu, et l'autre blotti contre sa poitrine. Les jumeaux dorment du sommeil du juste (et des bébés gavés de lait), leurs petites frimousses exprimant un profond bien être. Khâline semble préoccupée :

- Tu es sûr que je ne peux pas rester là un peu plus ? La route va être longue non ?
- Non tu ne peux pas rester là ma belle. J'ai vu Yija et je préfère que tu bouges une nouvelle fois, on ne sait jamais.

La voleuse a un air à la fois dépité mais déterminé. Depuis qu'elle sait que Cylithera domine l'esprit de Yijael, chaque rencontre est un véritable défi pour elle. Bien sûr ils se sont retrouvés, bien sûr ils font à nouveau l'amour, et être dans les bras de celui qu'elle aime, ça n'a pas de prix. Mais il lui a dit lui-même qu'il ne voulait pas savoir certaines choses et elle se mord souvent la langue pour s'empêcher de parler. Elle ne lui a pas encore dit que sa sœur a accouché, et elle espère qu'il n'apprendra jamais le rôle qu'elle a joué dans "l'enlèvement" d'Aerlinn.

- Je sais que c'est dur pour toi, mais on n'a pas le choix. On nous a confié Aerlinn et si le Clan nous tombe dessus je ne donne pas cher de nos peaux tu sais ? Sans compter qu'ils prendront sans doute les jumeaux vu que... ils sont du Clan.

Khâline frémit et penche la tête pour déposer un baiser possessif sur la tête d'Elwing. La petite fille agite ses poings minuscules avant d'en fourrer un dans sa bouche et de le téter comme si sa vie en dépendait, le tout sans ouvrir les yeux.

- Tu crois vraiment qu'ils feraient ça ?
- Je le crois pas, j'en suis persuadé.

Kharess réajuste l'écharpe qui soutient Rhovan, le petit garçon, lissant les plis et vérifiant qu'il ne risque pas de glisser. Il dort aussi, la joue posée sur le dos de sa mère et la voleuse ne peut s'empêcher de caresser du bout du doigt la petite joue satinée.

Samsha, son tigre de monte, s'approche lentement, portant sur son dos une Aerlinn qui bombe le torse de fierté. Le tigre prend grand soin de sa petite passagère, avançant seulement à pas feutrés, ce qui agace l'enfant qui préfère la vitesse et adore sentir le vent sur son visage. Cela fait deux jours que Kharess se trouve à Hillsbrad avec sa sœur et Aerlinn a tout de suite adopté le tigre. "Une bonne chose au moins, je pourrais la prendre avec moi sans être obligée de la droguer pour qu'elle dorme..."

En effet, quelques jours après l'accouchement, Kharess a dû faire déménager en hâte sa sœur de la petite maison qu'elle avait loué afin de la mettre à l'abri à Hillsbrad. Arrivée au crépuscule chez Khâline, elle a droguée Aerlinn avec une potion de sa composition afin que la petite dorme sans faire de bruit. Dans la nuit, chaque son semble résonner à l'infini, et elle ne voulait pas que l'enfant se réveille en pleurant en plein milieu d'un territoire hostile. Une goutte de la même potion l'a assuré du sommeil des jumeaux, et la chevauchée au clair de lune s'est effectuée à brides abattues, sans que les sœurs n'échangent un seul mot.

- Combien de temps je resterais à Féralas cette fois ci ?
- Je ne sais pas. Je ne pense pas qu'ils aient l'idée de te chercher là bas, surtout que...
- Surtout que quoi ?
- J'ai passé la nuit avec Yija là où tu vas vivre. Tu verras, c'est une petite maison déserte et bien cachée. Tu as un petit lac juste à côté, un endroit pour faire du feu et une provision de bois.
- C'est dangereux ?
- Bah pas plus qu'ailleurs, les bêtes ne montent pas jusque là, Aerlinn pourra courir et jouer sans risquer grand-chose.

Kharess prend Aerlinn et la petite pousse des cris de joie quand la voleuse de met à tourner sur elle-même en la portant à bout de bras.

- Bon on est parti ?

Khâline acquiesce et Kharess prend enfourche son tigre, posant la petite devant elle. D'un léger coup de talon elle donne le signal du départ, et les tigres, d'une détente puissante, prennent leur course sur le chemin poussiéreux. La meute de loups s'est glissée sans bruit dans l'ombre de la forêt, et suivent les deux elfes sans jamais s'éloigner. Leur présence constante et amicale, rassure Khâline : avec une telle escorte aucun animal censé n'oserait s'attaquer à leur petit groupe.

Merende était inquiète mais elle se savait surveillé et ne pouvait pas prendre le moindre risque.
Sa fille lui manque et elle aimerai pouvoir prendre plus de nouvelles mais elle sait que c'est dangereux, pour l'enfant.
Aussi elle se fatigue le corps et l'esprit en faisant les missions du froid continent.

Cylithera semble discuter, avec on ne sait qui, un peu en retrait du camp.

- J'ai du mal, en ce moment, a entrer dans l'esprit d'Yijael, il est fort !
Il s'est rendu compte de ma présence.
J'avoue que cela m'emplis de fierté mais m'agace aussi.

Quand Merende rentre au camp ce soir là, l'atmosphère est pesante, comme ci quelque chose de grave se passait.

Cylithera est au centre du camp, devant le feu, elle semble l'attendre.

- Tient te voilà enfin ! j'ai une bonne nouvelle pour toi, regarde qui est de retour !

Quand la matriarche s'écarte, Merende aperçoit sa fille, Aerlinn assise à même le sol, jouant avec une petite branche.

- Aerlinn ! mais ...

Merende est très pale tout à coup, elle s'avance et prend la petite dans ses bras.

- Comment est-elle arrivée ici ? dit-elle en regardant froidement Hiril !

- tu croyais vraiment que je ne la retrouverai pas ? Haha !
En fait, on me l'a livré ! contre la vie d'un mâle .....
Myrah semblait beaucoup y tenir et une elfe aux cheveux blanc, Kharess je crois semblais vouloir aussi qu'il soit sauvé.
J'ai eu la clémence de leur donner le corps en échange de la petite et elles ont accepté !
Tu vois Merende ! tu accordes ton amitié à des gens qui te trahisse à la première occasion .....* petit sourire narquois*

Merende crispe les poings.

- laissez moi m'occuper d'elle Hiril ! je vous en supplie.

- pourquoi accepterais-je ? tu as essayé de l'éloigner du clan non ?!
A moins que ......

- à moins que quoi Hiril ?

- si tu me donne l'Aoree, je consentirai à te laisser t'occuper de ta fille ! *la Matriarche sourit, fière de son idée*

- vous donner Cënëdril ! contre ma fille ?! .... *acide* vous ne savez donc que marchander ?!

Un violent coup de vent projette Merende à terre quelques mètres plus loin ! Elle n'a pas laché la petite, ce qui lui vaut une réception douloureuse. Aerlinn effrayée pleure, se serrant contre sa mère.

- mesure tes paroles ! et réfléchit bien à ma proposition !
Je t'accorde quelques jours ! Ma patience est limitée décide toi vite.
Si tu refuses, elle sera élevée selon nos lois et tu aura interdiction de l'approcher.

- Mais, il est lié à moi, si je le laisse il moura !

- mets le sous mes ordres en attendant qu'Eldwinn trouve un moyen de me le lier !

La matriarche rentre dans sa hutte en riant.

(les parties réservées ont été remplies ...voilà )